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Camus, racisme et Guerre de 14

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Tombe d'A. Camus

http://blogs.mediapart.fr/blog/max-angel/071113/camus-racisme-et-guerre-de-14

 

En ce jour anniversaire où Albert Camus aurait eu cent ans, il faut avouer que les pensées de cet écrivain solaire semblent être oubliées lorsque l'on constate le comportement de certains de nos concitoyens et pas des moindres.

Camus est l'un de mes maîtres à penser. Eh oui ! Penser par soi-même commence par la reconnaissance que l'on doit à ceux qui vous ont formé.

J'ai, pendant de nombreuses années, fait lire et commenter à mes élèves ses romans La Peste et L'étranger. J'espère qu'ils en ont conservé quelques souvenirs et qu'ils se gardent bien de souffler dans le visage de ceux auxquels ils s'adressent les bacilles du racisme, de la haine, de la méchanceté, de l'exclusion qui conduisent au malheur de l'humanité.

Voir le très beau billet de Vingtras. http://blogs.mediapart.fr/blog/vingtras/071113/le-racisme-est-une-lepre

L'absurdité de l'Humanité est toute contenue dans le racisme ordinaire. En effet, un raciste c'est quelqu'un qui reproche à un autre d'avoir mal choisi ses parents. Difficile, à partir de là, de construire une société viable.

Hier, sur France Inter, est intervenu Y. Coppens qui nous a rappelé que nous sommes TOUS les lointains descendants des homo sapiens venus de l'Est du continent africain et que nous sommes donc, TOUS, noirs d'origine.

Bien ! Encore faut-il avoir quelques connaissances sur l'Histoire de l'Humanité et accepter sa lente et longue évolution. Tous descendants d'immigrés. Sans exception !

D'où l'absurdité, une de plus, de l'expression "français de souche" qui est la négation même de l'identité française.

Par conséquent, les hommes et femmes politiques qui usent du racisme comme argument pour diviser notre Nation sont surtout soit des ignares et des imbéciles, soit de sacrés filous quand ce ne sont pas des "malades". Car, c'est là le malheur, le racisme relève de l'irrationnel.

Comment peut-on oser traiter quelqu'un de singe parce que sa peau est noire ? C'est valable autant pour les abrutis français contre Madame Taubira que pour les italiens de la Ligue du Nord contre Mme Kyenge.

Deux générations, presque trois, après l'horreur de la Seconde Guerre Mondiale, la mémoire s'estompe, la vigilance des uns est gommée par le retour de cette prétention imbécile des autres qui, de par la couleur de leur peau, se croient supérieurs à des humains différemment colorés qu'eux.

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Clairière de l'armistice de 18 et de 40

Ce racisme "ordinaire" a alimenté et justifié la politique coloniale de la IIIe République. C'est ce que pensaient les poilus de 14-18 passés par l'école de la République et convaincus qu'ils étaient plus "civilisés" que leurs camarades de couleur. Tu parles d'une belle civilisation !

Il existe, à côté du Crotoy, un cimetière chinois, où reposent quelques centaines de coolies venus creuser les tranchées pour l'armée britannique et qui, atteints par les gaz ou blessés, furent soignés dans la région et ne survécurent point.

Si le monde paysan français a payé le prix fort, est devenu chair à canon, il y avait encore pire. Ce fut l'utilisation des troupes coloniales. Le général Mangin en fit tuer quelques milliers. Des gens habitués à vivre dans la chaleur sèche ou humide et brutalement jetés dans des régions froides, humides, enneigées l'hiver, avec la boue qui se durcit avant de redevenir boue.

Chaque fois que je me balade, d'octobre à mars, à travers les forêts qui entourent Rouen sur des chemins glissants, gluants, je ne peux m'empêcher de penser à mon grand-père maternel qui pleura de ne pas pouvoir partir en 14, trop jeune, et dut attendre 1915 pour 3 ans de castagne, 3 blessures et retour au casse-pipe.

Les "hussards noirs" de la République l'avaient préparé. Son père l'avait conditionné. Garde-barrière du côté de Chartres, il avait sacrifié une barrique de vin en août 14 pour abreuver les jeunes qui allaient perdre leur jeunesse et rapidement devenir des tueurs, des soumis, des apeurés, des gueules cassées, des héros dans la presse, et des cocus aux yeux de l'Histoire.

Ils ont cru faire "la der des der". Les politiciens des traités de Versailles, de Sèvres, de Saint Germain et du Trianon les obligeront à envoyer leurs enfants, de nouveau,  se battre entre eux.

Au Kosovo, en Serbie, mais aussi en Italie du Nord, voire chez nous, en France, il existe encore des nationalistes qui seraient prêts à rouvrir les portes de la guerre.

Camus n'aurait point été ce qu'il fut si son père n'avait été tué au cours de cette Guerre qui n'est "Grande" que parce qu'elle fut "mondialisée" et qu'elle débarrassa de la surface de la planète quelques millions de jeunes hommes.

L'on fera encore mieux une génération plus tard, et l'on peut dire que depuis, la guerre se porte bien.

Quand les hommes sauront-ils tirer des leçons de l'Histoire ? Pour cela, il faudrait qu'ils soient devenus animaux raisonnables et maîtres de leurs instincts de mort, de leurs pulsions de haine.

C'est très fatiguant de faire attention à ne pas contaminer ceux que l'on fréquente en leur soufflant au visage ce qu'il y a de pire en chacun de nous.

Albert Camus: mémoire en mille morceaux

 

http://blogs.mediapart.fr/blog/hubert-huertas/081113/albert-camus-memoire-en-mille-morceaux

 

         Pauvre Albert Camus, qui n’appartenait à personne, et que tout le monde s’est approprié, à l’occasion du centenaire de sa naissance, hier 7 novembre, sans qu’un hommage collectif ne puisse lui être consacré. Son extraordinaire présence (il est partout cinquante après sa mort) et cette extraordinaire absence sont à coup sûr le symptôme politique d’un problème national…

       Tout le monde le revendique, il serait quasiment sarkozyste à écouter Henri Guaino, il serait d’abord « un Pied-noir », à constater la polémique suscitée à Aix-en- Provence par la préparation de l’exposition sur son œuvre et sa vie, il serait en fait « un Algérien », il serait de gauche mais pas trop, il serait de droite mais pas vraiment, fils de misère et grand bourgeois, etc. etc.

        Il illustre un peu une chanson peu connue du bon vieux Georges Brassens qui disait : « Il est toujours joli le temps passé, une fois qu’ils ont cassé leur pipe on pardonne à tous ceux qui nous ont offensé, les morts sont tous de braves types… ».

       Mais à Camus on pardonne sans pardonner, parce qu’il est encore vivant… Dans la chanson on tourne la page, tandis que dans la France d’aujourd’hui on la réécrit encore.

       La mémoire d’Albert Camus porte en elle deux affrontements. Deux coupures du monde. L’Est face à l’Ouest, l’Algérie face à la France. La guerre froide et la décolonisation. Les justes contre les injustes.

       Sur la guerre froide et le refus de regarder l’Union soviétique comme un paradis terrestre, Camus, accusé à son époque de ne pas savoir choisir, ou pire encore de pactiser avec le diable, a gagné par KO, quand le mur s’est effondré.

       Sur la guerre d’Algérie, qui se situe pourtant dans cette période, et oppose les mêmes acteurs, la guerre n’est par contre pas encore finie, et chaque film, chaque évocation, est l’occasion de rallumer les vieilles rancunes. Impossible de dire tout haut, sans passer pour un colonialiste en France, et un traître en Algérie, que les deux nations restent fédérées dans les faits, et dans les peuples, ce qui est pourtant le message de Camus.

       Impossible de ne pas affirmer une vérité tranchante, alors que son message est celui des vérités déchirantes, lui qui disait qu’un homme « est toujours la proie de ses vérités ».

       L’homme français des années 2013 a moins que jamais lâché « sa proie », il est toujours manichéen, quasiment sur chaque sujet, tandis l’illustre Albert Camus, célébré de toute part, mais pas dans un seul lieu, en était tout le contraire.  

       Ni Panthéon, ni hommage national, mais la déclaration d’amour de toutes les tribus gauloises pour ce Français même pas né en Gaule, c’est sans doute l’expression de la France éternelle, divisée, morcelée, métissée, mais dont tous les fragments rêvent d’Union nationale, en se battant pour le morceau…

       France Culture 7h15 ; France Musique 8h07 ; Twitter @hube

Il est toujours joli, le temps passé.

Une fois qu'ils ont cassé leur pipe,

On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés :

Les morts sont tous de braves types.

Georges Brassens

  


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