Sortir les veuves de l’oubli
Marie-Thérèse Moreau s'occupe des veuves d’anciens d’Algérie
en Côte-d'Or. Photo BR
Rencontre avec Marie-Thérèse Moreau, membre de la FNACA
de Côte-d’Or qui milite en faveur des veuves
d’anciens combattants
En Côte-d’Or, les veuves d’anciens combattants adhérentes à la FNACA seraient 550. Document. Depuis 2002, une carte de veuve d’ancien combattant est délivrée, sur demande, par l’ONAC.
Ses yeux clairs affichent une patiente détermination, mais c’est l’humilité qui caractérise avant tout Marie-Thérèse Moreau. Lorsqu’elle vous reçoit dans sa petite maison, cette adhérente de la Fédération nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA) de Côte-d’Or met les choses au point d’entrée : parler d’elle n’a aucune importance.
Ce qui compte, c’est l’action de la fédération et le soutien qu’on peut apporter aux veuves des anciens combattants qui en étaient membres.
Au risque de la vexer, il faut pourtant souligner l’activisme obstiné dont Marie-Thérèse fait preuve dans ce domaine peu mis en lumière. Veuve d’un militaire de carrière, avec lequel elle a vécu en Algérie entre 1960 et 1963, elle tente de faire en sorte qu’on n’oublie pas ces femmes, parfois confrontées à de grosses difficultés matérielles après le décès de leurs maris.
Le combat des transports
Ses combats sont de toutes natures mais il en est un qui la mobilise particulièrement : le report sur leurs veuves des facilités accordées aux anciens combattants sur le réseau de transport urbain du Grand Dijon.
« Depuis plus de 8 ans, précise-t-elle, j’adresse une demande auprès des différents responsables des transports, pour que ces femmes puissent bénéficier, même partiellement, des cartes de transport gratuites auxquelles leurs époux avaient droit. C’est un geste que je demande pour elles qui ne sont pas si nombreuses. Depuis 2002, sur cette question, je me heurte à des oublis de réponses, des promesses sans suite ou à des refus. On m’oppose un surcroît de dépenses inenvisageable. Je comprends d’autant moins que certaines veuves bénéficient déjà de ces facilités, en raison de la modestie de leurs revenus.
Au final, celles pour qui le report serait possible seraient donc encore moins nombreuses que les anciens combattants concernés… »
Depuis huit ans, d’autres auraient peut-être lâché prise, mais pas Marie-Thérèse Moreau. Une pugnacité qui trouve sans doute sa source dans l’idée même qu’elle se fait du statut de veuve d’ancien d’Algérie.
Car, de la même façon que ces anciens combattants ont souffert, pendant des années, du doute qu’une certaine hypocrisie faisait planer sur le fait qu’ils avaient bel et bien participé à une véritable guerre, leurs épouses ont parfois du mal à se revendiquer comme veuves d’anciens combattants. C’est aussi pour qu’on n’oublie pas cela que Marie-Thérèse se bat.
Berty Robert L e Bien Public