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- à l’attention de Mesdames et Messieurs

les adhérents, amis et correspondants de

l’Association nationale pour la protection de la mémoire

des victimes de l’OAS (Anpromevo) -

Paris, 2 novembre 2013.

Madame, Monsieur,

Le jour du 2 novembre me paraît tout indiqué pour vous faire part de la publication d’un livre évoquant une victime de l’OAS au souvenir de laquelle notre association et moi-même sommes très attachés.

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Lorsqu’a été dévoilé le projet d’une stèle marignanaise élevant des condamnés à mort de l’OAS au rang de martyrs et héros de l’Algérie française, l’une de mes premières démarches a consisté à entrer en relation avec la veuve et les descendants de cet officier loyaliste pour leur proposer de se joindre à d’éventuelles actions en justice.

Toujours aussi présente et tenaillante quarante- trois ans après les faits, la peur les en a dissuadés. Il est vrai qu’ils avaient été les témoins de l’assassinat du commandant K. dans des circonstances d'une insondable cruauté et qu’ils avaient peut-être le pressentiment que l’un des auteurs verrait un jour cet acte barbare légitimé par une République oublieuse de ses principes : tel fut le cas le 30 avril 2007 avec la nomination du sergent déserteur B. dans l’ordre de la Légion d’honneur au titre des anciens combattants d’AFN, aux termes d’un décret du chef de l’État (N. S.) pris sur le rapport du Premier ministre (F. F.) et de la ministre de la défense (M. A-M.).

Face à l’ignominie révisionniste consistant à donner valeur d’exemple à des crimes et attentats terroristes dirigés contre des serviteurs de la République par des singes assoiffés du sang de la vengeance, face au silence résigné d’une famille en proie à la douleur et au doute, l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS rappelle que le commandant K. n’a en rien failli en refusant de se rallier au putsch des généraux, que son acte de décès est revêtu à jamais de la mention "Mort pour la France", que le ruban accroché à la boutonnière de son bourreau est entaché pour toujours du rouge de la honte.

Qu’il me soit permis de saluer le travail accompli par Roger Martin avec cet ouvrage engagé, documenté, à la construction originale et efficace, et inspiré surtout d'un épisode traumatisant de la vie de l'auteur.

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J’en recommande chaleureusement la lecture, qui permet d’entrer dans l’univers militant d’un écrivain particulièrement courageux et déterminé dans son combat contre l’extrême droite (cf.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Martin_%28%C3%A9crivain%29)

Recevez, Madame, Monsieur, l’assurance de mes sentiments bien sincèrement les meilleurs.

Jean-François Gavoury

Président de l’Association nationale

pour la protection de la mémoire

des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)

 

"Ils l'ont poignardé et achevé au pistolet ces bâtards"

 

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L'honneur perdu du commandant K.

·         Roger Martin

·         Oslo

·         02 Octobre 2013

·         Littérature Française Romans Nouvelles Correspondance

·         112 pages, 21 X 13 cm, 110 grammes 

Aix-en-Provence 1962. Alors que la Guerre d'Algérie vient de se terminer, le commandant Joseph K. est sauvagement assassiné. Lors du putsch d'Alger d'avril 1961, il n'a pas cédé aux généraux félons, contribuant ainsi à l'échec du coup d'État d'extrême droite qui se préparait... Lui a-t-on fait payer ? Une histoire vraie, racontée par Roger Martin, spécialiste de l'extrême droite...

Description

Résumé

Un roman inspiré d'un épisode de la vie de l'auteur. En 1962, R. Martin a 12 ans lorsque son voisin, le commandant J. Kubasiak, est sauvagement assassiné par l'OAS - un acte motivé par la vengeance. Au moment du putsch d'Alger, en avril 1961, il refusa d'obéir à ses supérieurs, contribuant ainsi à l'échec du coup d'Etat.

Quatrième de couverture

Les romans de la colère Quand un auteur se met en colère, il en fait un roman.

Aix-en-Provence, 1962. Alors que la Guerre d'Algérie vient de se terminer, le commandant Joseph K. est sauvagement assassiné. Lors du Putsch d'Alger en avril 1961, en poste à Blida, il n'a pas cédé aux généraux félons, contribuant ainsi à l'échec du coup d'État de l'extrême droite. Celle-ci ne le lui pardonnera pas... Les puissants sont ingrats, ses assassins seront vite amnistiés, sa mémoire systématiquement salie. Roger Martin revient sur cette tragédie à laquelle, enfant, il a été involontairement mêlé, pour restaurer l'honneur d'un soldat tombé, victime de sa loyauté.

« Vaucluse, 2013. Cinquante et un ans déjà. J'en ai soixante-trois. Mais, de plus en plus fréquemment et toujours plus insistants, malgré le temps passé, me reviennent, lancinants, mes souvenirs de l'assassinat du commandant K. C'est même devenu une obsession... » Roger Martin

 

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article5038 

Il ne s’est “rien” passé le 24 juin 1962 

 Lors du putsch du 21 avril 1961, le colonel commandant la base aérienne BA140 de Blida fut interpellé par des hommes de troupe sur sa position personnelle par rapport au putsch ; comme il tardait à répondre, ils le “destituèrent”. Compte tenu de l’indisponibilité du colonel, le commandant Joseph Kubasiak aurait pris le commandement de la base. Les parachutistes du 1er REP de Hélie Denoix de Saint Marc tentèrent de s’emparer de la base, dont les avions Noratlas leur auraient permis d’envoyer des unités vers la France. Ils en furent empêchés par les appelés du contingent ... [1]

Une fois les troubles apaisés et le commandement légitime ayant retrouvé sa place, le commandant Kubasiak fut mis aux arrêts de rigueur ; il purgea une peine de prison d’un mois pour prise illégale de commandement, puis il fut mis en retraite anticipée.

De retour en France, il s’installa à Aix-en-Provence et, le 24 juin 1962, alors qu’il était dans son jardin avec son beau-père, un commando de l’OAS, commandé par Gilles Buscia, vint les assassiner tous les deux, devant sa femme, tandis que ses enfants étaient enfermés dans leur chambre.

Cinquante ans plus tard, Jacques Lambour, qui était à la base de Blida en avril 1961, nous adresse ce texte d’hommage.

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 La base BA140 de Blida.

PAGE DÉCHIRÉE, MESSAGE QUI S’ENVOLE AU LOIN

En ce cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, foison de témoignages, d’articles, d’ouvrages et documents en tous genres sont mis à disposition du public, des journalistes et des historiens. Après un demi-siècle d’opaque brouillard, l’iceberg apparaît enfin en pleine lumière. Comme tout un chacun, je me réjouis de ce progrès, pourtant je réalise combien la libération de la parole peut aussi provoquer des silences. Tel appelé qui du temps de notre jeunesse avait esquissé un témoignage sur la corvée de bois clôt son propos aujourd’hui en déclarant que la guerre d’Algérie n’est pas sa tasse de thé. Un autre avec qui je pouvais échanger malgré nos divergences sur ce sujet me claque la porte au nez. Moins traumatisant, le dernier en date, qui prêt à témoigner un jour se rétracte le lendemain. La crainte d’être parfois incompris et jugé enfonce encore plus profond la partie immergée de l’iceberg.

En parallèle, dans un tout autre registre, je note l’occultation d’un fait historique, est-ce le seul, devenu peut être trop gênant. Je veux parler d’une date qui me tient particulièrement à cœur, le 24 juin 1962 (il y a tout juste cinquante ans) la barbare mise à mort du commandant Kubasiak.

Vers 2010, je découvrais sur la toile que seuls ses assassins parlaient de ce courageux commandant, mais il a fallu le témoignage d’Alain Amsellem pour qu’enfin je me décide d’écrire à mon tour. Pensant alors que d’autres témoignages suivraient. Souvent je vais à la pêche aux renseignements sur Google, mais comme sœur Anne qui ne voit rien venir, je ne vois que ce poignard qui rougeoie et la campagne aixoise qui verdoie.

Pour ceux qui me tanceraient de citer mes sources je vous renvoie au conte de « Barbe bleue » et à cette autre citation de Gilles Buscia : « En se voyant perdu le commandant Kubaziak se mit à hurler, attirant aussitôt dans le couloir plusieurs membres de sa famille, qui en tentant de s’interposer, empêchèrent le légionnaire de le poignarder avec précision... J’estimai qu’il fallait en finir et j’ouvris le feu sur l’officier qui s’écroula. Je lui tirai alors le coup de grâce, afin de m’assurer de la bonne exécution de ma mission... […]. Je regardai mes hommes les uns après les autres... tous semblaient parfaitement détendus et cependant que l’un des légionnaires essuyait son poignard tâché de sang avec un chiffon sorti d’un sac de plage, les autres semblaient admirer la campagne aixoise, fort belle en cette saison. » [2].

Dernièrement sur le site « Algérie politique, histoire de l’OAS » je découvre qu’à la date du 24 juin 1962 il ne s’est rien passé. Ce silence questionne : un simple oubli, tout comme une occultation choisie, dénote le peu d’importance attaché à cet événement. Le rôle joué par le commandant Kubasiak à Blida lors du putsch d’Alger serait donc anecdotique, mais alors pourquoi l’avoir liquidé si c’était pour des broutilles ? Cette dernière considération me porte à croire que ce silence correspondrait à la gêne bien compréhensible d’évoquer ce fait d’arme peu glorieux, le mot est faible, pour leurs auteurs. Car même du point de vue d’une logique de guerre juste (que bien sûr je réfute) la liquidation de ce pauvre homme à la retraite rentre plus dans le cadre d’une vengeance gratuite, inutile et dévalorisante que dans celui d’une douteuse stratégie.

Pour en terminer avec « L’histoire de l’OAS », je ne reproche pas l’esprit partisan de cette étude, mais le silence en ce qui concerne la date du 24 juin 1962. Je ne peux accepter que Joseph Kubasiak soit iniquement condamné une troisième fois.

La première condamnation stupéfiante et peu connue, lui a été infligée par l’Armée ! Avec la bienveillante indifférence de Pierre Messmer, ministre des armées, voire son aval ? A ce propos on relira le témoignage d’Alain Amsellem.

La seconde étant ce poignard rougi de son sang.

La troisième, l’oubli, serait comme le chantait si bien Jean Ferrat, que ce sang sèche vite en entrant dans l’histoire Et même pire, de l’essuyer avec un vulgaire chiffon et de balancer le tout aux poubelles de l’histoire. Circuler il n’y a plus rien à voir.

C’est ce contre quoi je m’insurge, en aucun cas l’amnistie ne saurait signifier amnésie, vous aurez beau frotter, la clé du cabinet de Barbe bleue sera toujours tachée de sang.

Le 24 juin 2012

Jacques Lambour

 

Notes

[1] D’après les témoignages d’Alain Amsellem, de Jacques Lambour, ainsi que http://mpoknews.fr/France/Politique....

[2] Gilles Buscia, Au nom de l’OAS : Requiem pour une cause perdue, éd Alain Lefeuvre, page 103.

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