MISE A JOUR LE 13/04/2014
Vous pourrez visiter, en fin d'article, le site de
Palikao, petit village de l'Oranie (Algérie)
Département de Mostaganem
où est née Danièle Fillieule ancienne maire de Chaussin dans le Jura
CHAUSSIN (JURA)
Le 19 mars 1962, Hassène Boudra avait 14 ans, Danièle Fillieule, 18 ans et Lucien Ponsot, 26 ans. Chacun des trois a vécu intensément le drame algérien.
Hassène Boudra avec Danièle et Lucien Ponsot devant la mairie de Chaussin (Jura). Photo Serge Dumont/Le Progrès de Lyon
Danièle Ponsot (1), née Fillieule, Chaussinoise depuis 1963, a passé son enfance et son adolescence à Palikao, près de Mascara, dans l’Oranais, où elle est née fin 1943. « Ma mère, fille de petits pêcheurs espagnols du sud d’Alicante est arrivée en Algérie à huit ans, en 1912. Mon père, lui, est né à Oran d’un père originaire du Gers et d’une mère d’origine espagnole qui était cigarière aux usines Bastos d’Oran et qui s’appelait… Carmen ! ».
Hassène Boudra est né en février 1948 à Ain-Abid, dans le Constantinois. Son père, employé municipal, est président des anciens combattants : il a été gazé à Verdun. « En novembre 1954 (la «Toussaint Rouge », début de la « guerre d’Algérie », N.D.L.R.) nous avions surtout à l’esprit la terrible secousse qui avait détruit Orléansville quelques semaines plus tôt » explique Danièle.
À ce moment-là, rares sont ceux qui saisissent qu’un autre séisme débute. « Chez nous, c’est seulement en 1956 que la guerre a vraiment commencé à devenir une réalité » témoigne Danièle.
Hassène, lui, se souvient des attaques du FLN, puis de la répression, terrible, de l’été 1955 dans le Constantinois. « Les militaires et les colons armés ont tué des milliers de personnes. On est resté enfermé chez nous. Personne n’était à l’abri ». Il n’a que sept ans, mais il se souviendra toujours du regard de ce militaire, en faction devant l’école de filles du village. « On était des indigènes ».
Sans les « événements », Lucien Ponsot, lui, n’aurait sans doute jamais mis les pieds sur le sol algérien. Sursitaire, le jeune normalien lédonien, plutôt antimilitariste et pas du tout « Algérie française » se retrouve lieutenant à la tête d’une harka (groupe de harkis) à Palikao en 1960, à 24 ans. Il y rencontrera sa future épouse, « les grands espaces » et verra « des choses très dures » à l’instar de ces vingt et un corps égorgés et émasculés repêchés au fond d’un gouffre. « Ils avaient voté malgré la consigne du FLN ».
Pour l’anecdote, il apercevra Zeller en civil « en train de boire un pot place Foch à Oran avec trois autres hommes ». C’est le lendemain, jour du putsch, qu’il comprendra qu’il s’agissait du « quarteron » au grand complet. « Le jour du putsch, j’étais à l’état-major à Palikao. Le colonel a dit qu’il ne marcherait pas et il a été mis en quarantaine par les officiers. Les sous-offs de carrière étaient plus légitimistes que les officiers ». Le soir même, « on écoute l’appel de Debré au transistor et les croix de Lorraine fleurissent sur les murs ».
Danièle gagnera la métropole en juillet 1962, ses parents suivront en 1965. Danièle et Lucien retourneront à Palikao en 1982. Hassène restera en Algérie, effectuant ses études en Hongrie, « un pays frère comme on disait ». Il a aujourd’hui la double nationalité franco-algérienne.
Le drame algérien, avec son cortège de massacres, d’attentats, d’exactions (dont la torture à grande échelle côté français), de lâchetés (l’abandon des harkis) aurait-il pu être évité ? Trop facile, rétrospectivement, de refaire l’Histoire. Surtout quand celle-ci s’écrit, selon le mot de Pérec, « avec une grande hache ». Chacun avance quelques pistes.
« L’action de Mendès-France a été très positive en Indochine, au Maroc et en Tunisie. Mais en Algérie, la situation était différente. Ce n’était pas seulement Arabes contre Européens, c’était une guerre civile. Plus que le racisme, c’était une guerre de classes » analyse Danièle, qui en veut « aux gros colons » et aux extrémistes européens. « Ce qui m’a fait le plus peur, fin 61-début 62, ce sont les attentats de l’OAS ».
Hassène se souvient lui aussi de la folie meurtrière des derniers mois. «On redoutait de voir la fameuse « main rouge » sur la façade de notre maison, ce qui signifiait être sur la liste des tueurs de l’OAS… ». Le 19 mars suscite la joie pour certains et la crainte pour d’autres. «Soudain, tout le monde était FLN… Et les Harkis qui ne savaient pas où aller… » se souvient Hassène.
En métropole, les pieds-noirs sont mal accueillis. « À la fac de Dijon, en 1962-1963, on était méprisé, mais très sollicité par les organisations d’extrême-droite… » se souvient Danièle. Son père évoquait parfois les événements de Sétif, durement réprimés dès 1945. « Peut-être que tout s’est joué à ce moment-là. Il aurait fallu donner le droit de vote aux musulmans ».
(1) Danièle Ponsot est ancienne maire de Chaussin. Lucien Ponsot a longtemps été Conseiller général du canton. Hassène Boudra est responsable dolois de la Ligue des Droits de l’Homme. Tous trois sont militants socialistes.
Serge Dumont
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Chaussin, porte de la Bresse
Mairie de Chaussin
Situé à 189 mètres d'altitude, Chaussin est une petite ville du département du Jura, à 15 km au Sud-Ouest de Dole la plus grande ville à proximité. Chef-lieu de canton, elle fait partie de la communauté de communes de la plaine jurassienne.
Ses habitants sont appelés les Chaussinois et les Chaussinoises.
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COMMENTAIRE
Palikao
Jean Roda site de Palikao
Bonjour, j'ai visité votre site où j'ai pu voir Danièle Filleule de Palikao.
Merci de lui faire passer le lien du site de Palikao, peut-être ne le connait-elle pas !
Amicalement
Pour visiter, cliquez sur le lien ci-dessous
http://palikao.piednoir.net/index.html
Connais-tu mon beau village,
Qui se mire au fond du ruisseau?
Encadré dans le feuillage,
On dirait un nid d'oiseau