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Le consul d’Allemagne à Bordeaux, Hans-Werner Bussmann, et Fritz Körber, déjà présent à Oradour, ont tous les deux fait le tour des porte-drapeaux © Photo
Jean-Christophe Sounalet
http://www.sudouest.fr/2014/02/17/concorde-a-pont-lasveyras-1464263-1025.php
«Pourquoi vous portez des parapluies ? », demande, goguenard, un des porte-drapeaux trempé par les trombes d'eaux qui ont précédé la cérémonie du souvenir de Pont-Lasveyras, ce dimanche à Beyssenac (Corrèze). Ces grosses averses n'ont pourtant pas découragé le nombreux public présent, aux confins de la Dordogne, de la Corrèze et de la Haute-Vienne. L'hôte de la cérémonie, le maire de Beyssenac, Francis Comby, s'est d'ailleurs félicité de l'affluence. Celle-ci avait probablement plus à voir avec le jour de la commémoration, un dimanche, qu'avec les polémiques de ces derniers jours.
C'est l'invitation d'une délégation allemande, menée par le consul d'Allemagne à Bordeaux, qui a mis le feu aux poudres. Un modèle pris sur la cérémonie organisée à Oradour-sur-Glane (87), en septembre dernier, avec François Hollande et le président allemand Joachim Gauck (1).
Mais d'anciens résistants voyaient d'un très mauvais œil cette invitation, dans ce lieu où,il y a 70 ans jour pour jour, 34 jeunes maquisards ont été tués par des soldats nazis et 12 autres déportés. La tension était même sérieusement montée.
Pourtant, ce dimanche, la cérémonie est restée tout à fait digne, comme le voulait Francis Comby, seul à prendre la parole pour un discours. Personne n'a bronché au moment où la délégation allemande a, à son tour, déposé une gerbe de fleurs au pied du monument. Pas non plus quand les diverses personnalités présentes, consul compris, ont fait le tour des drapeaux pour leur serrer la main.
Le précédent d'Oradour
« C'était finalement une cérémonie très consensuelle », estimait, peu après la cérémonie, l'un des organisateurs, un peu bougon. Aucune tension n'était réellement perceptible. La cérémonie et le discours étaient consensuels c'est vrai, mais c'était le but : « Ce n'est pas le lieu pour polémiquer », a expliqué le maire de Beyssenac.
Dans sa prise de parole, l'élu a voulu rapprocher les mémoires. Franco-allemandes d'abord : « On peut se souvenir de ce drame sans pour autant garder nos rancœurs. Le rapprochement franco-allemand est un fait. » Franco-françaises aussi : « Nous ne sommes pas ici pour privilégier l'une ou l'autre des thèses sur le drame (2). Nous exerçons ici notre devoir de mémoire, pour les générations futures. »
Des générations futures qui étaient au centre des discussions, informelles, qui ont eu lieu à la fin de la cérémonie entre la délégation allemande et les personnalités locales.
(1) Robert Hébras, dernier rescapé d'Oradour, et l'Allemand Fritz Körber, tous deux à l'origine de différents jumelages franco-allemands étaient d'ailleurs présents.
(2) 70 ans après, on ne sait toujours pas grâce à quelles indications l'occupant est arrivé jusqu'au refuge de Pont-Lasveyras.