Juppé invite l'Algérie à "la modération"
pour les 50 ans d'indépendance
Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères
Pour la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance, la France veut que l'on ne remue pas trop le couteau dans la plaie de cette guerre.
La France n'a pas hésité à ériger une loi sur le génocide arménien, dans lequel elle n'est pourtant pas concernée, hormis bien sûr à travers la forte communauté arménienne de France. Dont le plus célèbre : Charles Aznavour. L'objectif visé était la Turquie qui était derrière le massacre de dizaines de milliers d'Arméniens en 1915. C'est-à-dire au début du siècle dernier.
Mais la France est très chatouilleuse quand il s'agit d'évoquer la colonisation et surtout ses nombreux massacres. Même si ceux-là sont plus proches que le génocide arménien qui tient tellement à coeur à la droite française. C'est que pour elle, ce qui est valable pour la Turquie ne l'est pas pour la France. Ce deux poids deux mesures dans le traitement de faits historiques trouve sa signification cynique dans la déclaration commise par le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Celui-ci souhaite "fonder la relation franco-algérienne sur l'avenir, et pas sur le passé". Nous y voilà : pourquoi le passé du peuple arménien intéresse les députés français jusqu'à se mobiliser pour une loi et en arriver même à une froid diplomatique avec la Turquie, mais dès qu'il s'agit de parler de ce que l'armée française a commis en Algérie pendant 132 ans, il faut fermer les yeux, ne pas en parler ?
Le ministre des Affaires étrangères français a espéré mardi que la célébration en juillet du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie se fasse "dans un esprit de modération en essayant d'éviter les extrémismes de tous bords". "Nous sommes convenus avec le président (Abdelaziz) Bouteflika, lorsque je lui ai rendu visite l'année dernière, d'envisager la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie dans un esprit de modération, en essayant d'éviter les extrémismes de tous bords", a déclaré Alain Juppé lors d'une audition devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Quelle signification donner au mot modération : cela veut-il dire qu'il faudra passer l'éponge sur la torture ? Le bombardement de villages au napalm ? Le regroupement de centaines de milliers d'Algériens dans des camps ? Les massacres de civils ? La lutte d'un peuple pour sa libération ...
La France selon Alain Juppé n'est intéressée que par l'avenir. "J'espère qu'on va continuer sur cette ligne. Surtout, nous nous étions mis d'accord pour dire : regardons l'avenir. Essayons de fonder la relation franco-algérienne sur l'avenir, et pas sur le passé", a-t-il ajouté. Cette déclaration sous-entend qu'on doit désormais faire l'impasse sur notre histoire pour commercer avec la France. Ce qui est peu probable quand on sait le prix de notre indépendance. Mais derrière ces déclarations, il y a la perspective des présidentielles françaises. Le ministre anticipe et joue aux pompiers pour éteindre les éventuelles polémiques qui pourraient coûter l'électorat pied-noir, voire le soutien de quelques organisations d'anciens militaires nostalgiques. Mais pas seulement, même la date qui commémore la guerre d'Algérie est sujette à polémique en France. La Fédération Nationale des Anciens Combattants (FNACA) veut que ça soit le 19 mars. Alors que pour les associations de paras par exemple, les groupuscules de l'OAS ou les pieds-noirs, cette date est synonyme de capitulation.
C'est dire que la question algérienne demeure sensible un demi-siècle après son indépendance de la France coloniale.
Yacine K.
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, souhaite "fonder la relation franco-algérienne sur l'avenir, et pas sur le passé".
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a espéré mardi que la célébration en juillet du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie se fasse "dans un esprit de modération en essayant d'éviter les extrémismes de tous bords". "Nous sommes convenus avec le président (Abdelaziz) Bouteflika, lorsque je lui ai rendu visite l'année dernière, d'envisager la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie dans un esprit de modération, en essayant d'éviter les extrémismes de tous bords", a déclaré Alain Juppé lors d'une audition devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
"J'espère qu'on va continuer sur cette ligne. Surtout, nous nous étions mis d'accord pour dire : regardons l'avenir. Essayons de fonder la relation franco-algérienne sur l'avenir, et pas sur le passé", a-t-il ajouté. L'Algérie a été colonisée par la France à partir de 1830 jusqu'à son indépendance le 5 juillet 1962 après sept ans d'une guerre de libération meurtrière. Les relations économiques entre les deux pays sont fructueuses aujourd'hui, mais l'histoire douloureuse du passé n'est pas oubliée. Alger demande toujours à Paris des excuses pour les crimes du colonialisme.
Commentaires
Jean-François Gavoury, le 12 janvier 2012
Stupéfiant
Un ami historien à qui j’ai signalé l’article paru ce 12 janvier dans Le Matin m’écrit : « Stupéfiant. En matière de modération, ceux qui réhabilitent le passé colonial de la France et décorent des criminels de guerre seraient bien avisés de s'appliquer cette recommandation à eux-mêmes. ». Que dire de plus ou de mieux ?
"En prononçant directement des non-lieux au bénéfice de tous les fonctionnaires mis en cause, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a ramené cette affaire [Gaudin] à sa dimension réelle, celle d’un montage policier destiné à complaire au pouvoir politique dans le contexte de l’élection présidentielle de 2007."
Intimation éhonté au système Bouteflika afin de le mettre à contribution, fragment B :
« J’espère qu’on va éviter les extrémismes de tous bords. Surtout, nous [Juppé/Bouteflika] nous étions mis d’accord pour dire : regardons l’avenir. Essayons de fonder la relation franco-algérienne sur l’avenir et pas sur le passé». ok
Droit le 10/01/2012 à 20:32
On veut des excuses pour les crimes de guerre !
Un point c'est tout ! Et Bouteflika tout Président qu'il est, ne représente en la question que lui-même !
Le Peuple Algérien, n'a que faire de cette invitation démagogue et hypocrite, qui n'a d'autre but que de ne pas vouloir reconnaître les "crimes de guerres et le génocide français en Algérie ! Juppé et les autres prennent décidément le Peuple Algérien, Femmes et Hommes, pour des imbéciles ! Se mêler du passé de la Turquie, mais honteusement faire l'hypocrite sur son propre passé de crimes contre tout un Peuple Algérien !
billy le 10/01/2012 à 19:50
Vraiment étrange
A 3 mois de la fin d'un terme soudainement là, le gouvernement veut être ami avec les pays de l’Afrique du nord à ces futures élections... Alors que sa politique était plutôt le contraire, enfin il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas, mais là on sait que cela n'est que parce que dans 3 mois et... Alors mais vive la paix, l'amour et nous sommes tous des frères.