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L'O.A.S.

Par Benoit Klimpt professeur au lycée Rimbaud

 de Sin-le-Noble

  Pourquoi une fiche sur l’Organisation de l’Armée Secrète ?

  En choisissant d’instaurer un climat d’extrême violence au moment où se négociaient la paix et la transition vers une Algérie indépendante, c’est-à-dire dans la courte période allant de l’été 1961 à l’été 1962, l’O.A.S. s’est rendue responsable d’un approfondissement du fossé créé entre les communautés. L’exil des Pieds Noirs, symbolisé par cette phrase «Le cercueil ou la valise», apparaissait comme la seule solution pour une majorité d’entre eux.

·    Rappels :

·    Il s’agit, jusqu’à nos jours, du groupe terroriste ayant fait le plus de victimes sur le territoire français avec 71 morts et 394 blessés pour la branche métropolitaine. En Algérie, l’O.A.S. est directement responsable de plus de 2200 morts, 12900 plasticages, de 2546 attentats individuels et de 510 attentats collectifs ;

·    L’organisation a, en Algérie, choisi la terreur afin de casser le processus de paix et créer une situation intenable pour le FLN en ciblant principalement des intellectuels (assassinats de Mouloud Feraoun et de cinq autres dirigeants des Centres Sociaux le 15 mars 1962), des combattants du FLN mais aussi en tuant des Algériens au hasard.

·   Ses autres victimes sont des «porteurs de valises», des anticolonialistes, des communistes et des gaullistes.

·   Elle est connue pour avoir organisé plusieurs attentats contre le général de Gaulle dont celui du Petit Clamart le 22 août 1962.

·   Elle est moins connue comme étant l’une des premières organisations terroristes à avoir organisé des attentats à la voiture piégée ; 25 morts à Oran le 22 février et 62 morts à Alger le 2 mai 1962.

·    Le 8 février 1962 à Paris, le P.C.F., le P.S.U. et six syndicats organisent une manifestation contre l’O.A.S. La charge de la police cause la mort de huit personnes, écrasées contre les grilles de la station de métro Charonne.

·   Intimement mélangée aux milieux militaires colonialistes et adeptes de la lutte antisubversive, l’O.A.S. a été le berceau «d’instructeurs» d’extrême droite qui ont formé les services chargés de l’opération Condor dans le cône sud de l’Amérique latine (livre ou documentaire de Marie Monique Robin sur le sujet intitulé «Escadrons de la mort, l’école française» La Découverte 2004).

  Objectifs et conséquences historiques des actions de cette organisation :

 

·    En affichant l’objectif de maintenir l’Algérie française, l’O.A.S. s’est créée au moment des négociations de paix. Il s’agit de créer une terreur de masse pour provoquer le retour de la guerre. Pour arriver à cette fin, l’O.A.S. frappe le plus violemment possible les Algériens et le FLN afin de provoquer une réaction qui annihilerait les négociations en cours. En métropole l’O.A.S., moins bien implantée, s’en prend aux relais d’opinion et aux soutiens de la cause algérienne.

 

·     A mesure que l’objectif d’un retour à la guerre s’éloigne, après le 19 mars 1962, l’O.A.S. continue ses violences dans une politique de la terre brûlée avec des plasticages ciblant les équipements collectifs, les écoles ou les bibliothèques (celle de l’Université d’Alger incendiée le 7 juin 1962).

·          

·    La principale conséquence qu’a provoquée le déchaînement de violences de l’O.A.S. a été de créer un climat d’insécurité au moment des accords de paix et de créer un fossé de sang entre une majorité de Pieds Noirs et colonisés. Cette réalité est parfaitement décrite dans l’article intitulé «Sans valise ni cercueil, les Pieds-noirs restés en Algérie» publié dans le Monde Diplomatique de mai 2008, article consacré au 200.000 Européens restés en Algérie et devenus Algériens.

  Composition de l’OAS :

  Il s’agit d’une organisation clandestine formée en Espagne par Pierre Lagaillarde et Jean-Jacques Susini puis implantée en Algérie à la suite du putsch manqué de 1961. Sa première victime fut le commissaire central d’Alger le 31 mai 1961 Roger Gavoury.

  Elle recrute des activistes pieds-noirs pro «Algérie française», des militaires, souvent gradés, qui ont participé ou approuvé le putsch du 22 avril 1961 et des policiers.

  Selon Guy Pervillé, auteur de «L’Algérie dans la mémoire des droites», et Jean-François Sirinelli « Histoire des droites en France » tome II Gallimard 1992, l’O.A.S. se décomposait en trois courants :

·    Un courant fasciste organisé par les frères Sidos et l’organisation Jeune Nation, représentée par J.J. Susini qui a fini au F.N. «Ce courant diffuse un discours raciste de défense de la «civilisation blanche» écrit Sylvie Thénault ; ce courant est surtout représenté dans les commandos Deltas qui ont pratiqué l’essentiel des assassinats ciblés ;

·    Un courant pétainiste et traditionaliste représenté par Tixier Vignancour, Robert Martel ou Bastien Thiry condamné à mort après l’attentat du Petit Clamart et alimenté par les Poujadistes ;

·   Un courant nationaliste et anti-communiste qui prône la défense de l’intégrité du territoire et se déclare volontiers pour une «Algérie nouvelle» formée dans la fraternité entre communautés. Ce courant s’étend aux milieux universitaires avec la revue «Esprit public» et des intellectuels comme Raoul Girardet ou François Bluche…

Mais l’O.A.S. peut aussi compter sur la sympathie d’une majorité de Pieds-Noirs et a également une dimension d’organisation de "masse" lorsqu’elle parvient à organiser des manifestations (bruits de casseroles pour protester contre les accords d’Alger) ou lors de la manifestation de la rue d’Isly le 26 mars 1962 qui fit 54 morts chez les Pieds-Nnoirs pris sous le feu des forces françaises.

Enfin une constellation d’hommes politiques ayant participé directement à la guerre d’Algérie soutiennent les objectifs de l’O.A.S. (Jacques Soustelle, Georges Bidault, Robert Lacoste ou Maurice Bourgès-Maunoury)

Fin de l’O.A.S.

Après un dernier attentat à Oran qui mit le feu à dix millions de tonnes de carburant le 25 juin 1962, puis les derniers attentats contre de Gaulle, les responsables de l’O.A.S. fuient en Espagne, au Portugal et en Amérique Latine. Certains continueront des carrières de « mercenaires » de la lutte anti-communiste, notamment en Afrique, d’autres auront des parcours à la limite de l’action politique et du gangstérisme pour financer des mouvements d’extrême droite en Europe.

  Face à l’O.A.S. le mouvement gaulliste développe son groupe d’action informel, le S.A.C. (Service d’Action civique), en utilisant des méthodes semblables.

  Sources :

·         Voyage au cœur de l’OAS ; Olivier DARD, professeur des universités d’histoire contemporaine à l’université Paul Verlaine – Metz, Editions Perrin, octobre 2005.

 

  • OAS, Organisation Armée Secrète, par Sylvie Thénault, article mis en ligne le mardi 14 juin 2005 sur le site de la LDH de Toulon [http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article458].
  • Sans valise ni cercueil, les Pieds-noirs restés en Algérie, Pierre Daum et Aurel, article du Monde Diplomatique n°650 de mai 2008.



 

 

 

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