Mirande. Un combat de plus de 50 ans

Sur la place du monument aux morts de Mirande, l'émotion était à son comble aux premières notes de La Marseillaise. Guy Darmanin a assisté au dépôt de gerbe aux côtés de Jean Capéran./Photo DDM, Sébastien Lapeyrère

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Le 46e congrès départemental des anciens combattants d'Algérie (FNACA) a eu lieu hier à Mirande. Environ 600 personnes avaient fait le déplacement. Entre hommage, émotion et recueillement.

La Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie, mais aussi du Maroc et de la Tunisie, (FNACA) organisait hier son 46e congrès départemental à Mirande. A 10 h 15, ce ne sont pas moins de 600 personnes et 70 drapeaux qui ont surgi de l'église Sainte-Marie pour prendre la direction du monument aux morts. En présence du président national, Guy Darmanin, et de Jean Capéran à la tête de la Fédération locale, la cérémonie et le dépôt de gerbe se sont déroulés sous un magnifique soleil. L'accompagnement musical était assuré par l'orchestre Philarmonique, de l'école de musique municipale. Et lorsque la Marseillaise a été entonnée, l'émotion était palpable dans l'assemblée. «On a mis cinquante ans à être reconnus. Alors aujourd'hui, tant qu'on se serrera les coudes, on sera respecté», explique Jean qui a servi entre 1957 et 1959 dans un bataillon en charge de l'appui feu d'une compagnie de légionnaires, avant de rejoindre Constantine pour la protection d'une unité de l'air. «Je n'étais pas bon ! J'ai refusé de faire l'école des officiers de réserve. Mais on protégeait les camarades et on tombait dans des embuscades. Les chanceux, comme moi, s'en sont sortis. Et il y a les autres», poursuit-il.

Faire du 19 mars un jour férié

L'hommage et la préservation de la mémoire ne sont pas de vains mots quand on a perdu amis, famille ou compatriotes. Alors, tous les ans, on vient se rappeler. «C'est important d'être présent pour tous les copains qui y sont restés», complète Denis.

Les anciens combattants d'Algérie, du Maroc et de la Tunisie ont en effet dû patienter jusqu'à l'année dernière pour que le 19 mars (date des Accords d'Evian signifiant le cessez-le-feu en 1962, N.D.L.R.) soit promulguée Journée nationale du souvenir et du recueillement. Beaucoup l'assurent : ils ont souffert de ce manque de reconnaissance de la société civile quand ils pensaient tous se battre pour elle. «On a tout quitté pour partir en Algérie. On nous a mis un fusil dans les mains sans savoir ce qu'il fallait faire. Mais on a fait le boulot. Et notre jeunesse est restée là-bas», soufflait Jean Capéran.

Désormais, la nouvelle bataille de la FNACA sera administrative. «Il faut que le 19 mars soit décrété férié au même titre que le 8 mai. Cinquante ans qu'on le demande…», expliquait Mario, 72 ans, sans finir sa phrase et ému aux larmes en évoquant son engagement à 19 ans comme pilote d'AM8 blindé. Et celui de son frère décédé au front.

Hier, le congrès s'est déroulé dans la salle des fêtes de Mirande. L'occasion de dresser rapport d'activité et calendrier à venir. Puis place au déjeuner et à son bal musette dont le succès ne se dément pas. «Beaucoup pensent qu'ils ont encore 20 ans et franchement, que ça dure longtemps !», s'exclamait Jean Capéran. Qui a dit que la jeunesse n'arrivait qu'une fois et défilait à toute allure ? Faut-il encore avoir survécu aux affres de la guerre. Et de la vie qui s'en est suivie.

FNACA 32 : un bon élève

Dans le Gers, Jean Capéran, le directeur départemental de la FNACA, coordonne 28 comités locaux pour environ 3 300 adhérents sur l'ensemble du territoire. En France, il s'agit de 358 505 membres pour 3 560 sections départementales. C'est la première association du pays par son nombre d'adhérents. Et Jean Capéran le certifie : «Au vu du nombre d'habitants dans le Gers, la FNACA du Gers se porte bien. Mais bien sûr, les «départs» sont de plus en plus nombreux».

Géraldine Jammet