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http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/09/04/oradour-sur-glane-poignee-de-main-symbolique-entre-hollande-et-gauck_3471143_823448.html 

(Oradour-sur-Glane, envoyé spécial). S'il fallait ne retenir qu'un seul moment, ce serait celui-ci. Il est 14 h 46 dans la petite église d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) quand François Hollande et Joackim Gauck s'avancent dans la nef sans toit de l'église où les SS de la division Das Reich enfermèrent puis exterminèrent près de 400 femmes et enfants (642 personnes au total) dans l'après-midi du 10 juin 1944.

Les deux présidents ont le pas lourd, le visage crispé de gravité. Ils s'arrêtent face à l'autel, du moins ce qu'il en reste ; Joachim Gauck attire l'attention de François Hollande sur une poussette rouillée étendue sur le sol ; les deux chefs d'Etat se rapprochent l'un de l'autre ; leurs mains se frôlent pudiquement, leurs doigts se croisent...

A leur côté, un homme prend alors la parole, il s'appelle Robert Hébras, a 88 ans, c'est l'un des derniers survivants du massacre, il n'avait pas 20 ans à l'époque, sa famille a péri ce jour-là. L'échange dure quelques minutes, Joachim Gauck passe le bras autour de l'épaule du vieil homme, François Hollande le soutient également, leurs trois costumes sombres forment alors comme un bloc, et c'est ce bloc qui sortira de l'église dans un silence étouffant.

Viendront ensuite la visite de ce squelette figé dans la douleur qu'est resté Oradour depuis juin 1944, le dépôt de gerbes au cimetière, la sonnerie aux morts, la signature des livres d'or – où François Hollande apposera par mégarde la date du 3 septembre –, une nouvelle accolade entre les deux présidents, la visite du Centre de la mémoire, inauguré par Jacques Chirac le 16 juillet 1999, les discours, enfin, tranchant de sobriété chez François Hollande, profond d'intensité chez Joachim Gauck.

"C'EST UNE PROMESSE DE DÉFENDRE LES DROITS DE L'HOMME" 

"Vous êtes la dignité de l'Allemagne d'aujourd'hui, capable de regarder en face la barbarie nazie d'hier, a lancé le président français à son homologue allemand. Aujourd'hui, votre visite confirme que l'amitié entre nos deux pays est un défi à l'histoire et un exemple pour le monde entier. Et sa force s'illustre en cet instant même à Oradour-sur-Glane. Puis, dans une allusion à peine masquée à la Syrie :

"C'est pourquoi votre présence, monsieur le président, est bien plus qu'un symbole, c'est une promesse de défendre les droits de l'homme chaque fois qu'ils sont violés près de chez nous ou loin d'ici."

Dans la foulée, le président allemand a assuré au président français :

"Je vous regarde, monsieur Hollande, je regarde les familles des victimes assassinées, je voudrais tous vous remercier au nom des Allemands de venir au devant de nous avec cette volonté de réconciliation. Je ne l'oublierai jamais. (...) Si je regarde dans les yeux ceux qui portent l'empreinte de ce crime, je partage votre amertume par rapport au fait que des assassins n'ont pas eu à rendre de comptes ; votre amertume est la mienne, je l'emporte avec moi en Allemagne et je ne resterai pas muet. Aujourd'hui, l'Allemagne est un pays qui veut construire l'Europe, mais ne veut pas la dominer."

Le cortège des deux présidents quittera Oradour deux heures et demie plus tard, mais ce sont les quelques moments du début qui resteront dans les mémoires. Des moments d'émotion contenue et pudique, incarnée par ces mains qui se frôlent puis se serrent, les mains d'un président allemand et d'un président français jointes l'une à l'autre dans un petit village de France à tout jamais meurtri par la barbarie des SS.

Après Adenauer et de Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises le 14 septembre 1958, après Kohl et Mitterrand à Verdun le 22 septembre 1984, il faudra désormais ajouter cette image à l'album de la réconciliation franco-allemande : François Hollande et Joachim Gauck, à Oradour-sur-Glane, le 4 septembre 2013.

 


·          Lorsque vous aurez visualisé la vidéo merci de cliquer sur la croix en haut à droite pour ne pas voir la publicité deux fois.

Commentaire d'Henri Pouillot

Président de "Sortir du Colonialisme"

Entre Oradour-sur-Glane et les villages algériens rasés au napalm pendant la Guerre d'Algérie.

On ne peut que se réjouir de cette reconnaissance officielle de l'état allemand de sa responsabilité dans le massacre odieux perpétré à Oradour- sur-Glane le 10 juin 1944. Cette démarche hautement symbolique est à saluer comme il se doit : une reconnaissance et une condamnation de ce crime. Ce geste rend honneur à l'Allemagne.
Mais en parallèle, ou en opposition, comment un président français peut-il s'associer à cette cérémonie, sans état d'âme. Pendant la Guerre d'Algérie, ce sont des centaines de villages qui ont été rasés au napalm. En 2004 lors d'un voyage à Khenchéla j'ai eu l'occasion de visiter les ruines de l'un de ces villages de 800 habitants qui ont tous été brûlés vif dans leurs mechtas en novembre 1954. Quelle horreur!!!
Oui, il serait temps que la France, 60 ans après reconnaisse enfin et condamne tous ces crimes commis en son nom dans cette période. La leçon de morale, avec la condamnation par le président Hollande des crimes commis par les armes chimiques en Syrie aurait une autre portée.

 

Oradour-sur-Glane : longue étreinte entre les présidents français et allemands

 

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