Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Paris, le 9 juin 2011 [23 h 42].

 

Madame, Monsieur,

 

L’arrêté préfectoral portant interdiction d’une manifestation prévue à Darney (Vosges) à l’instigation de l’Adimad et de la famille d’Antoine Argoud pour rendre hommage à la mémoire du colonel félon et célébrer la gloire de l’OAS a donné lieu à la saisine en référé, ce 9 juin, du tribunal administratif de Nancy.

 

Sans pouvoir se prononcer sur la légalité de cet arrêté - ni sur celui pris dans son prolongement par le maire de Darney, tendant à la fermeture du cimetière au cours de la journée du vendredi 10 juin -, le juge, estimant que la cérémonie en question revêtait un caractère privé (!), a rendu une ordonnance faisant obligation au représentant de l’État dans le département d’autoriser le déroulement de ce rassemblement d’anciens criminels de l’OAS autour de la sépulture d’Antoine Argoud et aux côtés tant de sa veuve (sauf erreur) que de son fils, lui-même premier conseiller au tribunal administratif de Marseille.

 

En conséquence, le maire de Darney, Hervé Buffe, nonobstant les dispositions de son propre arrêté - qui, juridiquement, reste en vigueur - est chargé par le préfet d’assurer la sécurité de la cérémonie (sic) en veillant à ce qu’elle ne soit pas perturbée par d’éventuels opposants !

 

Il reste que vont se poser deux questions au moins :

 

- celle de la nature des propos qui vont être tenus par les intervenants lors de cet hommage à l’ancien tueur Antoine Argoud (susceptibles de relever du délit d’apologie de crime) ;

 

- celle de la légalité de l’apposition d’une plaque commémorative dédiée à l’Organisation Armée Secrète au regard de la police des cimetières (quid, par exemple, de la déclaration de travaux en mairie ?) et du respect dû aux victimes de l’OAS comme à leurs descendants.

 

Vous trouverez ci-après la teneur d’une dépêche AFP de ce jeudi en soirée sur le sujet.

 

À noter que, de son côté, l’évêché (de Saint-Dié) a pris ses responsabilités : considérant que la prière de l’Église ne peut être utilisée à des fins partisanes, il a demandé au prêtre pressenti pour l’office religieux de ne pas bénir la plaque commémorative et de ne pas être présent au cimetière, amenant l’ADIMAD et la famille Argoud à renoncer, au bout du compte, à l’organisation de la célébration religieuse initialement envisagée en l’église de Darney.

 

L’on ne saurait trop recommander aux parlementaires du département de bien vouloir exprimer sans plus tarder leur positionnement sur ces formes les plus explicites du révisionnisme qui, à un an du grand rendez-vous mémoriel lié au cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie, portent atteinte aux fondements de notre République et affaiblissent le crédit de l’ensemble de nos institutions.

 

Je vous remercie de votre attention,

 

Et vous assure de ma parfaite considération.

 

Jean-François Gavoury

Président l’Association Nationale

pour la Protection de la Mémoire

des Victimes de l’OAS (ANPROMEVO)


************

 

AFP :

Vosges : la manifestation à la gloire de l'OAS autorisée

par la Justice

 

Le 09/06/2011 à 19:46

 

Le tribunal administratif de Nancy a autorisé jeudi soir la tenue d'une manifestation, vendredi dans les Vosges, au cours de laquelle une plaque à la gloire de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) en Algérie doit être posée sur la tombe du colonel Antoine Argoud, a-t-on appris de source judiciaire.

Jeudi matin, le préfet des Vosges avait pris un arrêté interdisant la manifestation. Les juges administratifs l'ont enjoint à l'autoriser, au terme d'une décision prise en référé jeudi soir, à la suite d'un recours déposé par les organisateurs du rassemblement, l'association de défense des intérêts moraux des anciens détenus (Adimad).

Cette dernière, qui entend défendre l'OAS, a prévu de déposer vendredi matin une plaque portant l'inscription "Au colonel Antoine Argoud, ses camarades de combat de l'Organisation Armée Secrète", sur sa tombe dans le cimetière de Darney (Vosges).

Interrogé par l'AFP, le président de l'Adimad, Jean-François Collin, s'est réjoui que "pour une fois, la Justice rende justice".

Selon lui, c'est la première fois en France qu'une plaque funéraire portera explicitement la mention "OAS".

"Nous déposerons des gerbes avec l'inscription "On pense/A vous/Sans cesse", dont "les initiales forment OAS", a-t-il expliqué.

Dans leur décision, les juges estiment que "les éléments ne permettent nullement de laisser penser que la commémoration engendrera des troubles" à l'ordre public, tel que le soutenait le préfet dans son arrêté.

"Nous voulions rendre hommage à un des chefs, un patriote qui a résisté à la trahison gaulliste", a expliqué à l'AFP M. Collin.

Dans un livre paru en 1974, le colonel Argoud avait reconnu que "les suspects (étaient) torturés, comme les coupables, puis éliminés si nécessaire", arguant que "le renseignement était obtenu à n'importe quel prix".

Il avait été interpellé en 1963, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, puis finalement libéré en 1968. Il est mort en 2004 à 90 ans.

L'Adimad, créée en 1967 avec l'accord du dirigeant de l'OAS, le général Salan, revendique 2.500 adhérents, dont 540 anciens détenus appartenant à l'OAS.


© 2011 AFP

 

 

Tag(s) : #Associations
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :