http://www.arte.tv/fr/Web-reportages/6536996.html
A l’occasion du cinquantième anniversaire du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie, le 19 mars 1962, ARTE a choisi d’entendre des témoins, des acteurs de ce conflit.
Ancien cadre du FLN, ancien combattant français, harki, nous leur avons présenté une série de 5 photographies pour recueillir et croiser leurs témoignages.
Les photographies choisies sont toutes issues du fonds de l’ECPAD, l’établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense, qui collecte et conserve les archives militaires, audiovisuelles et photographiques, françaises.
Ces images, prises par des soldats français, offrent donc une vision très subjective de la guerre. C’est cette vision qui a été soumise aux hommes que nous avons rencontrés.
Photographies et témoignages abordent, la liste n’est évidemment pas exhaustive, des faits marquants de la guerre d’Algérie, les opérations de ratissage, la torture, la tragédie des harkis, l’action psychologique ou encore les attentats de l’OAS.
Le commentaire de Gilles Manceron, historien, accompagne chaque photographie. Il apporte un éclairage sur chaque thème abordé et permet de replacer dans un contexte précis, les témoignages recueillis.
Les témoins
Ancien cadre du FLN, ancien combattant français, harki, historien : ils ont accepté de commenter cinq photographies abordant des faits marquants de la guerre d’Algérie. Leurs portraits.
est né le 21 décembre 1931 à Batna en Algérie. Licencié en lettres et philosophie, il est l’un des membres fondateurs de l’Union générale des étudiants musulmans algériens en 1955. De 1957 à 1962, il dirige le journal « El Moudjahid », hebdomadaire du FLN, le Front de Libération National.
De mai 1961 à mars 1962, il est le porte-parole de la délégation du FLN aux négociations des accords d’Évian. De 1965 à 1970, il est ambassadeur d’Algérie en France. Redha Malek a été Premier ministre de l’Algérie du 21 août 1993 au 11 avril 1994. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire de l’Algérie et sur les négociations d’Évian.
Michel Sabourdy
est né le 6 mai 1940 à Abrac en Gironde.Géomètre de formation, il effectue son service militaire en Algérie où il arrive en mai 1960. Il sert dans le 57e régiment d’infanterie en tant qu’instituteur. Michel Sabourdy rentre en France en septembre 1962. Il finit la guerre avec le grade de caporal. Depuis 1970, il est rédacteur en chef de « L’ancien d’Algérie », le journal officiel de la FNACA, la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie, du Maroc et de Tunisie dont il est le vice-président délégué.
Brahim Sadouni
est né en 1942 à Arris, dans la région des Aurès, en Algérie. Après avoir obtenu son diplôme de mécanicien, il est enrôlé contre son gré par l’armée française à Bouzina en 1960. En 1962, les accords d’Évian et l’arrivée du FLN au pouvoir le transforment en fugitif.
Brahim Sadouni parvient à quitter l’Algérie en 1964. Fait chevalier de l’ordre du Mérite national en 1995, M. Sadouni vit aujourd’hui à Rouen. En 2011 il publie « La blessure profonde », l’un des rares témoignages de Harkis sur la guerre d’Algérie. Interdit de séjour dans son pays, Brahim Sadouni n’a jamais revu les membres de sa famille. Il n’est jamais retourné en Algérie.
Gilles Manceron
est un historien spécialiste du colonialisme français. En 1991, il est professeur d’histoire, chargé de la mission scolaire et universitaire à la Ligue de l’enseignement. Rédacteur en chef de la revue “Hommes et libertés“, il a été vice-président de la Ligue des droits de l’Homme jusqu’en juin 2011.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont avec “Hassan Remaoun, D’une rive à l’autre”, “La guerre d’Algérie de la mémoire à l’histoire” (avec Hassan Remaoun, Syros, 1993) et “Marianne et les colonies. Une introduction à l’histoire coloniale de la France” (Editions La Découverte, 2003).
Algérie en 1954
Algérie en 2012
L’action psychologique
L’enjeu de la guerre d’Algérie, c’est le contrôle de la population et non du territoire. Les sections administratives spécialisées (SAS) sont créées en septembre 1955. Dans le cadre de la pacification, la mission des militaires exerçant leur activité dans les SAS
Pendant la guerre, les soldats français ont procédé à la traque des com-battants du FLN dans les djebels. Ces opérations de ratissage consis-taient à quadriller une zone, fouiller systématiquement les douars et les mechtas à la recherche de caches d’armes, interroger les populations. Objectif : occuper le terrain, casser les réseaux du FLN et isoler ses combattants.
Plus de 200 000 harkis ont combattu dans le camp français pendant la guerre d’Algérie. La signature des accords d’Évian marque la victoire du FLN. Abandonnés par le gouvernement français et considérés comme des traîtres et des collaborateurs dans la nouvelle Algérie, les harkis tentent de fuir vers la France. 60 000 harkis et leurs familles réussissent à quitter le pays. Entre mars et août 1962, on estime qu’entre 20 000 et 50 000 harkis ont été massacrés en Algérie.
La torture est déjà pratiquée en Algérie par la police et la gendarmerie à l’époque coloniale. Bien qu’officiellement interdite, sa pratique se généralise dès le début de la guerre et culmine avec la bataille d’Alger en janvier 1957. Passages à tabac, viols, supplice de la baignoire, exécutions sommaires, emploi de la génératrice électrique sont monnaie courante. C’est également en 1957 que la propagande de l’armée s’intensifie. L’image est désormais étroitement contrôlée.
La tragédie des harkis : le témoignage de Brahim Sadouni
Brahim Sadouni, l’un des derniers harkis a été enrôlé contre son gré par l’armée française à Bouzina en 1960. Il revient pour nous sur la tragédie des harkis.
L’OAS est une organisation clandestine créée le 11 février 1961.Elle rassemble des militaires et des Français d’Algérie qui ont vécu la politique du Général de Gaulle (référendum sur l’autodétermination en Algérie) comme une trahison. À partir de mai 1961, ces partisans de l’Algérie française basculent dans le terrorisme. L’OAS a perpétré des centaines d’attentats à Alger et en métropole, faisant des milliers de victimes.
Bibliographie
Cinéma, documentaires, littérature historique et témoignages : œuvres choisies et sélectionnées pour revenir sur la genèse et l’histoire de la Guerre d’Algérie.
Histoire :
- Sylvie Thénaut, “Histoire de la guerre d’indépendance algérienne”, Flammarion, Paris, 2012.
- Raphaëlle Branche, “La guerre d’indépendance des Algériens:1954-1962″, Perrin, Paris, 2012.
- Annie Rey-Goldzeiguer, “Aux origines de la guerre d’Algérie, 1940-1945. De Mers-El-Kébir aux massacres du Nord-Constantinois” (article Cahiers d’Histoire), La Découverte, Paris, 2006.
- Mohammed Harbi et Gilbert Meynier, “Le FLN. Documents et histoire, 1954-1962″ (article Mediapart.fr), Fayard, Paris, 2004.
- Jacques Charby, “Les Porteurs d’espoir. Les réseaux de soutien au FLN pendant la guerre d’Algérie : les acteurs parlent“, La Découverte, Paris, 2004.
- Jean-Charles Jauffret (sous la direction de), “La guerre d’Algérie par les documents, tome I, Service historique de l’armée de terre“, Vincennes, 1990 ; tome II, 1998.
- Jean-Luc Enaudi, “Octobre 1961. Un massacre à Paris”, Hachette, Paris, 2011.
- Raphaëlle Branche, “La Torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie” (article Cahiers d’Histoire), Gallimard, Paris, 2001.
Mémoires et témoignages :
- Jacques Massu, “La vraie bataille d’Alger”, Plon, Paris, 1971.
- Jacques Pâris de Bollardière, “Bataille d’Alger, bataille de l’homme”, Desclée de Brouwer, Paris, 1972.
- Jean-Jacques Servan-Schreiber, “Lieutenant en Algérie” (“Quand JJSS combattait en Algérie” – article l’express.fr), Julliard, Paris, 1957.
- Si Azzedine, “On nous appelait fellaghas”, Stock, Paris, 1976.
Documentaires :
- “Pacification en Algérie“, documentaire d’André Gazut, 2002.
- “Paroles de Pieds-noirs, L’histoire déchirée des français d’Algérie“, documentaire de Jean-Pierre Carlon, 2009.
- “La blessure, La tragédie des Harkis” (extrait Dailymotion.com), documentaire de Daniel Costelle et Isabelle Clarke, 2010.
- “La guerre sans nom” (voir le documentaire), documentaire de Bertrand Tavernier et Patrick Rotman, 1992.
- “L’autre 8 mai 1945″ (voir le documentaire), documentaire de Yasmina Adi, 2008.
Films :
- “L’insoumis” (extrait), film réalisé par Alain Cavalier, 1964.
- “La bataille d’Alger”, film réalisé par Gillo Pontecorvo, 1965