Cérémonie d’hommage
à la Résistance
au Mont-Valérien
C’est à l’occasion
de cette cérémonie
que François Hollande
a annoncé l’entrée
de Germaine Tillion
au Panthéon
et 3 autres résistants
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http://www.tsa-algerie.com/actualite/item/6012-germaine-tillion-au-pantheon-un-parcours-engage-en-algerie
Germaine Tillion au Panthéon : un parcours engagé en Algérie
« J’ai connu le peuple algérien et (…) je l’aime », écrivait Germaine Tillion à Simone de Beauvoir. La dame, l’humaniste, l’ethnologue Germaine Tillion, morte en 2008, va faire son entrée au Panthéon. Ce monument qui accueille « les grands hommes » va y voir inhumer une grande femme. Une dame au parcours engagé en Algérie. Pour beaucoup d’Algériens, le panthéon sera, par la présence de Germaine Tillion, un grand mausolée, une goubba qui reçoit les sages.
« Ses souffrances, je les ai vues, avec mes propres yeux, elles correspondaient en moi à des blessures », peut- on lire dans la correspondance de Germaine Tillion lorsqu’elle parle des souffrances du peuple algérien. Arrivée en 1954 en Algérie pour enquêter sur le sort des populations civiles dans les Aurès, l’ethnologue d’origine auvergnate est projetée dans les affres de la guerre. « Je considérais les obligations de ma profession d’ethnologue comme comparables à celles des avocats, avec la différence qu’elles me contraignaient à défendre une population au lieu d’une personne. Il ne m’est donc pas venu à l’esprit que je pouvais refuser la proposition qui m’était faite et, pétrie de civisme, je refis ma valise », écrit-elle dans l’Afrique bascule dans l’avenir.
Germaine Tillion ne prendra pas les armes pour la guerre de Libération nationale. Elle se voudra dans le camp des faibles à la hauteur de ses principes et à la mesure de son histoire. Elle écrira, dénoncera, accueillera. C’est la lutte sous le sceau de Germaine Tillion. Une vie empreinte de déterminisme, un engagement gravé par la plume. « Je n’ai pas « choisi » les gens à sauver : j’ai sauvé, délibérément, tous ceux que j’ai pu, Algériens et Français de toutes opinions. Je n’ai ni cherché ni (certes) désiré les périls représentés par l’entreprise qui me fut proposée en juillet 1957: exactement, c’est l’entreprise qui est venue me tirer par la main », retrouve-t-on dans ses correspondances.
Le passé de Germaine Tillion est aussi venu la tirer par la main. Et il modélisera son avenir. Elle est, en effet, déportée en 1943 dans un camp de concentration à Ravensbrück. Elle a 46 ans. Sa mère, également résistante, meurt gazée en 1945. Germaine Tillion aura la vie sauve et consacrera une bonne partie de sa vie à des travaux sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Jusqu’à son retour en Algérie qu’elle avait croisée entre 1930 et 1940. « La clochardisation, c’est le passage sans armure de la condition paysanne (c’est à dire naturelle) à la condition citadine (c’est-à-dire moderne). J’appelle « armure » une instruction primaire ouvrant sur un métier. En 1955, en Algérie, j’ai rêvé de donner une armure à tous les enfants, filles et garçons », écrit-elle dans La traversée du mal.
En février 1955, elle reste en Algérie au cabinet du nouveau gouverneur général, Jacques Soustelle. Elle met en place un projet socio-éducatif qui devait prendre en charge enfants, hommes et femmes démunis sur les plans sanitaire et éducatif. « Pour moi, les Centres sociaux en Algérie devaient être un escalier bien large pour que toutes les générations puissent y monter ensemble…..De toutes les choses que j’ai faites dans ma vie, ce qui me tient le plus à cœur, c’est d’avoir créé les Centres sociaux en Algérie », lit-elle à l’inauguration d’une maison de quartier à Valvert en France. Elle quitte le territoire algérien en 1956 non sans s’impliquer toujours en faveur des Algériens. Elle est mise en contact avec Yacef Saâdi et milite contre la torture en Algérie. « J’aime mieux voir réparer les crimes plutôt que les faire expier », commente-t-elle dans « À la recherche du vrai et du juste. »
Germaine Tillion aura eu ses admirateurs et ses détracteurs, comme le Général Massu. Mais c'est aux côtés de Victor Schœlcher et René Cassin que la « juste » pourra reposer.