C'était en septembre 2012, au moment où Grain de sel recevait ses premiers spectateurs. Jean Richard était sur les planches le jour de la présentation de la pièce «Circulez il y a tout à voir» jouée par des habitants de Séné pour le lancement du centre culturel. «Dans une des scènes, j'interprétais le rôle d'un grand-père qui parle de la guerre d'Algérie à sa petite fille». C'est comme cela que lui est venu l'envie de poursuivre en livrant par écrit son témoignage sur une plaie qui est encore vive : sa guerre d'Algérie. Jean Richard n'a aucune médaille à arborer. Il en aurait, il ne le ferait pas, dit-il, et il n'a pas non plus l'âme d'un ancien combattant. « On n'avait rien à faire là-bas ».
« J'ai eu la baraka »
Il travaillait avec son père comme marin pêcheur et venait d'avoir vingt ans quand les Affaires maritimes lui ont signifié qu'il devait partir pour le service militaire. C'était en 1957. Direction : le centre de formation d'Hourtin. Puis, l'Algérie. «A Port Vendre, on nous a mis dans un paquebot, puis à Alger on nous a poussés dans des camions. Comme il y avait eu une rébellion à Hourtin, des fusiliers marins nous ont accompagnés pendant tout le voyage». Après deux mois de formation, en Algérie, Jean Richard se retrouve affecté avec d'autres appelés dans un poste positionné sur un piton rocheux, dans le djebel, avec mission de surveiller la frontière marocaine pour éviter toute infiltration. La guerre était déclarée depuis deux ans. « J'ai vu des copains mourir. L'un a sauté sur une mine. Il a eu le temps de me prévenir qu'il y en avait vu une autre à côté. J'ai eu la baraka. Quand je suis revenu à la maison pour une première permission, je n'étais plus le même. J'étais hagard ». Si Jean Richard a écrit ce livre c'est pour que l'on n'oublie pas. Son livre s'intitule, d'ailleurs, «Avant que le temps n'efface tout». Il y détaille son service, son arrivée en Algérie, sa vie de soldat chez les fusiliers marins, les souffrances au combat, les exécutions sommaires, la torture, la mort. Il en veut à François Mitterrand «qui n'a pas voulu négocier».
« Quel bonheur la paix ! »
«Je savais qu'ils auraient gagné. Quand un peuple veut son indépendance il l'a», dit-il. Un an après son arrivée en Algérie, Jean Richard, est affecté sur le porte-avions Aromanches. Le service militaire durait vingt-huit mois à l'époque. Au-delà de ce témoignage, c'est un message de non-violence qui est adressé. «Je retiens ma peur de mourir, certains noyant le cafard dans l'alcool, le sentiment de perdre des années de notre jeunesse pour quelque chose de parfaitement inutile. Cela nous a laissé un goût amer dans la bouche. Quel bonheur la paix !». Son livre, édité à La Découvrance, à La Rochelle, sortira au début de l'année prochaine.
G.S.
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