Je m'appelle Bernard Lamirand. Je suis né en 1942 à Audruicq dans le Pas-de-Calais. Je suis militant syndical et politique. J'aime l'histoire et en particulier celle des luttes sociales. Je suis maintenant retraité.
Le Président de la république vient de faire en Algérie un déplacement qui marque et qui aurait pu être plus approfondi sur les causes et les responsabilités de ceux qui ont été responsables des malheurs qui ont frappé ce pays.
Il a dit devant l’Assemblée nationale Algérienne et donc devant tout un peuple, qui n’a pas oublié les souffrances endurées et sa dignité mise à mal, je le cite : « Je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien (...), pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal».
Je me souviens de ma jeunesse où je voyais partir en Algérie mes camarades, un peu plus âgés que moi qui suis parti faire mon service militaire à la fin de cette odieuse guerre.
Je pense à mes camarades de jeunesse qui se sont retrouvés dans une guerre qui n’avait rien à voir avec la défense de la France et certains d’entre eux ne sont jamais revenus.
C’est à cette époque, jeune de la JOC, que mes premiers combats datent et l’indépendance et la paix en Algérie font partie de ceux-là.
Je me souviens des distributions du journal de la JOC contre cette guerre coloniale, et au fur et à mesure que la guerre devenait de plus en plus impopulaire, de nombreux jeunes n’admettaient plus de partir « se faire tuer en Algérie ».
A cette époque, j’avais peu de référence sur les atrocités commises par l’armée française en Algérie et nous ne connaissions pas le massacre de Sétif de 1945 qui a été certainement le déclencheur de cette guerre . Ce qui m’a fait le plus réagir, c’est Charonne le 8 février 1962, l’assassinat de ces jeunes manifestants et aussi de ces algériens qui manifestaient le 17 octobre 1961 pour l’indépendance de leur pays et auxquels Papon va procéder à une véritable tuerie.
Ce pays, qui va s’appeler l’Algérie, après l’époque Ottomane va être colonisé par la France à partir de 1830 et l’Algérie subira tout de suite, une sorte de génocide et je cite le dictionnaire Wikipédia sur l’état de cette Algérie à ces moments là : « La population algérienne est estimée entre 1 et 3 millions d'habitants avant la conquête française de 1830154. Selon l'ouvrage Coloniser, exterminer de l'historien Olivier Le Cour Grandmaison:
« Le bilan de la guerre, presque ininterrompue entre 1830 et 1872, souligne son extrême violence ; il permet de prendre la mesure des massacres et des ravages commis par l'armée d'Afrique. En l'espace de quarante-deux ans, la population globale de l'Algérie est en effet passée de 3 millions d'habitants environ à 2.125.000 selon certaines estimations, soit une perte de 875.000 personnes, civiles pour l'essentiel [...] Le déclin démographique de l'« élément arabe » était considéré comme bénéfique sur le plan social et politique, car il réduisait avantageusement le déséquilibre numérique entre les « indigènes » et les colons155. »
L’histoire réclame vérité et qu’elle soit faite sur toute la colonisation et pas seulement sur le moment de la guerre d’indépendance.
Hollande a dit des choses qui avancent timidement vers la vérité et je le cite : La relation franco-algérienne à laquelle il aspire, a-t-il dit devant les parlementaires algériens, doit reposer sur un «socle de vérité» car «rien ne se construit sur des dissimulations, dans l’oubli ou le déni». Et cette vérité, a-t-il appuyé, passe par la reconnaissance des «injustices», des «massacres» et de «la torture».
Alors, il faudra faire la vérité sur nos histoires et laisser les historiens la faire ouvertement de chaque côté.
Mais le côté colonialisme est l’émergence des malheurs qui se sont produit et là c’est le fond de l’histoire.
Vérité aussi pour ceux qui ont « les mains sales » dans cette colonisation.
N’oublions pas que les combats se sont développés sous des gouvernements socialistes.
C’est donc justice aujourd’hui de commencer à dire les choses et en même temps de rendre hommage à Maurice Audin, assassiné par l’armée française.
La vérité doit être dite, indique le Président de la République, alors il faut que les archives militaires s’ouvrent et aussi celles de la SFIO (Parti socialiste aujourd’hui).
Il est temps que la France rende hommage à ces hommes et ces femmes françaises qui ont été les premiers à se lever pour en finir avec la guerre d’Algérie et le colonialisme.
Bernard LAMIRAND