8 mai 1945 : capitulation de l'Allemagne nazie et la victoire de la France et des Alliés
Mais… il y a un autre 8 mai 1945 : les massacres de Sétif, de Guelma et Kherrata par l’armée coloniale française
Le 7 mai 1945, alors que la capitale allemande est exsangue, et qu'Hitler s'est suicidé le 30 avril, l'armée nazie signe sa reddition à Reims, sans condition, dans une école de cette ancienne ville royale de France.
Pourtant, partout en Europe c'est la date du 8 mai qui sera retenue : Staline, le dirigeant soviétique a exigé qu'une autre cérémonie se tienne à Berlin, tombée sous les assauts et bombardements de l'Armée rouge. Et avec le décalage horaire, le maître du Kremlin imposera la date du 9 mai à Moscou pour célébrer la fin de la grande guerre patriotique.
Mais il y eut aussi un autre 8 mai, à Sétif, Guelma et Kherrata dans le Constantinois algérien. Les combattants algériens engagés dans les troupes coloniales françaises sur les fronts italiens notamment, voulurent eux aussi célébrer l'événement, en mélangeant drapeaux français et algériens. L'armée française tira, faisant des milliers de morts.
C'est l'une des pages les plus sombres de la colonisation française en Algérie, celle de la répression meurtrière de défilé des combattants des forces coloniales, prémices à la guerre sans nom qui se déclenchera neuf ans plus tard...
Parcourons ensemble ce chemin de mémoire
Celui de toutes les mémoires
Sans occulter aucune mémoire
Il faut attendre le 27 février 2005 pour que, lors d'une visite à Sétif, Hubert Colin de Verdière, ambassadeur de France à Alger, qualifie les « massacres du 8 mai 1945 » de « tragédie inexcusable »[35]. Cet événement constitue la première reconnaissance officielle de sa responsabilité par la République française.
Son successeur Bernard Bajolet a déclaré à Guelma en avril 2008 devant les étudiants de l’Université du 8 mai 1945 que le « temps de la dénégation des massacres perpétrés par la colonisation en Algérie est terminé ». Il déclare: « Aussi durs que soient les faits, la France n’entend pas, n’entend plus, les occulter. Le temps de la dénégation est terminé (...) Le 8 mai 1945, alors que les Algériens fêtaient dans tout le pays, au côté des Européens, la victoire sur le nazisme, à laquelle ils avaient pris une large part, d’épouvantables massacres ont eu lieu à Sétif, Guelma et Kherrata.(...) pour que nos relations soient pleinement apaisées, il faut que la mémoire soit partagée et que l’histoire soit écrite à deux, par les historiens français et algériens(...). Il faut que les tabous sautent, des deux côtés, et que les vérités révélées fassent place aux faits avérés. »[36].