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 http://www.telerama.fr/livres/ils-avaient-vingt-ans-ilsont-fait-la-guerre-d-algerie,78758.php 

L'incorporation, la traversée, les patrouilles, la peur, le combat, la torture, les paras, la démobilisation...

Pour évoquer ces thèmes, Dominique Paganelli a rassemblé des témoignages d'appelés aujourd'hui connus : Cabu, Jean-Claude Carrière, Raymond Poulidor, Jean-Pierre Beltoise, Jacques Barrot, Gilles Perrault, Jacques Higelin, Pierre Santini. Tous ont été en Algérie et racontent leur guerre, leur quotidien d'alors. Ils font partie des 1 343 000 appelés qui, entre 1954 et 1962, ont débarqué à Alger ou ailleurs, avec des idées politiques ou l'insouciance de la jeunesse, et ont découvert un conflit qui en était bien un, rythmé par les attentes interminables en caserne, les moments d'horreur et les désillusions, qui, une fois qu'ils seront revenus en métropole, les empêcheront longtemps de parler de leur guerre.

 

http://www.huffingtonpost.fr/dominique-paganelli/guerre-algerie-1962_b_1355269.html

Oublier, effacer, fermer l'absurde parenthèse... Quel que soit le mot choisi ou l'expression utilisée, tous les appelés à leur retour d'Algérie, se sont cognés au mur du silence, à celui de l'indifférence. Il leur a fallu vivre avec leurs tourments, leurs cauchemars algériens, sans parvenir à s'en délester. A défaut de les écouter, ils auraient aimé qu'on les entende, ça les aurait apaisés. "Oui ca a été le grand silence, dit Jean-Pierre Farkas ancien grand reporter à RTL, Paris Match... Moi c'est vrai je n'ai rien dit, mais on ne m'a rien demandé. Pourtant ça m'aurait soulagé, mais était-ce utile? Notre guerre à nous c'est une guerre qui pue, une guerre qui ne disait pas son nom et dont les Français avaient le sentiment qu'elle était illégitime La guerre de 14-18, on en discutait dans les familles, devant le cadre où étaient accrochées les médailles du grand-père qui avait été dans les tranchées. C'était un héros, comme celui qui, dans les années 40, avait fait de la résistance ou était à Londres ou dans la deuxième DB, pour repousser l'envahisseur allemand. Mais nous?"

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Alors ils ont tout gardé pour eux, tout ravalé, tout dissimulé. Et pour certains, ça a fait un drôle de mélange à l'intérieur, parfois détonnant. Les autres ont dû faire avec.

Quand Raymond Poulidor devient champion de France cycliste sur route en 1961, comme tous les vainqueurs, il se plie au protocole. Il accepte tous les bouquets de fleurs qu'on lui tend, il enfile son maillot tricolore et sur la plus haute marche du podium, il se redresse quand La Marseillaise retentit. Ne pense-t-il qu'à sa victoire? Le cessez-le-feu vient d'être signé. Lui était là-bas, il n'y a pas si longtemps. Quel supporter admiratif peut imaginer à cet instant que derrière le sourire du cycliste se cachent les souvenirs d'un appelé, qui au volant de son camion conduisait les légionnaires au combat?

1209979_2984073_450x340.jpgRaymond Poulidor

Quand les photographes mitraillent le visage heureux de Jean-Pierre Beltoise victorieux du Grand prix de Formule1 de Monaco en 1972, y en a-t-il un qui décèle dans son objectif, la colère que cet homme a emmagasinée contre l'armée qui lui a volé sa jeunesse en l'envoyant en Algérie?

Qui, ne serait-ce qu'un instant, peut envisager que cet homme ceint de la couronne de lauriers, qui se plie à toutes les sollicitations des officiels, a refusé 13 ans auparavant d'obéir à l'autoritarisme stupide de ses supérieurs? "Des gars du FLN avaient attaqué notre poste, dit Beltoise, en passant par un champ de mines. Beaucoup sont morts, l'un d'eux blessé est resté accroché aux barbelés, dans le champ. Un sous-off m'a demandé d'aller le décrocher, j'ai refusé. C'est ce dont je suis le plus fier de cette guerre. Il m'a gueulé dessus, je n'ai pas cédé. Il a décidé d'y aller lui-même. Il a sauté sur une mine."

pilote-670.jpgJean-Pierre Beltoise

Et ces passants qui empruntent le pont de Bercy, en 1959, font-ils attention à ce couple d'amoureux, appuyé contre le parapet, qui regarde étrangement la Seine, comme si le fleuve était leur sauveur? C'est Jean-Claude Carrière et sa femme, qui s'apprêtent à jeter à l'eau, les lettres d'amour qu'ils se sont écrites chaque jour, pendant que le sergent Carrière faisait sa guerre en Algérie. Gommer les traces pour "tout effacer, tout oublier".

Le père Guy Gilbert celui qu'on appelle le curé des loubards, est arrivé à Alger avec le 2e bataillon des chasseurs alpins de Barcelonnette. "C'est en Algérie, dit-il que j'ai fait le plein de mes indignations qui m'animent aujourd'hui. C'est en Algérie que je me suis construit comme homme." C'est là en effet qu'il a sévèrement boxé un sergent qui passait à la gégène un jeune paysan algérien, ce qui lui valut d'être muté dans un bataillon disciplinaire.

1682131987_B97631952Z.1_20130621111417_000_GAFU1ORR.1-0.jpgLe père Guy Gilbert le curé des loubards

La France avait autre chose à faire que d'écouter à leur retour ces appelés, tout cabossés, qui lui renvoyaient l'image de sa propre défaite politique. La France voulait tourner la page. C'était les Trente glorieuses, la consommation valait mieux que l'introspection.

L'Algérie est un marqueur de l'histoire de notre pays, un marqueur aussi pour chaque individu qui a traversé cette période, quelque soit son âge.

Je n'avais pas dix ans, quand tout bronzé de retour des vacances en Corse je me rendais, début septembre, à l'école communale rue de Billancourt à Boulogne pour mon entrée en CM2. Brun, le cheveu frisé je devais ressembler aux mêmes enfants qui de l'autre coté de la Méditerranée faisaient eux aussi leur rentrée. Sur l'avenue, un camion s'est arrêté net à ma hauteur. Le chauffeur en est descendu et a hurlé en me coursant: "rentre chez toi sale bicot!"

Pour qu'un adulte laisse tout à trac son véhicule au beau milieu de la route et pourchasse un enfant en l'abreuvant de propos racistes, il fallait que ce qui se passe alors en Algérie soit du sérieux. Ca l'était, en effet.

 

Jean-Claude Carrière dans une émission de France 2

 

 

C'était la guerre de Maurice Failevic

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Résumé

Un épisode du livre de Carrière La Paix des braves, relatant les aventures d’un appelé du contingent soucieux de rendre une vache à un paysan pour remplacer celle qu’un soldat a tuée par jeu, sert de point de départ à l’histoire d’un village que les Français estiment « contaminé » par les « fellouzes ». Enjeu de deux groupes opposés – les moudjahidines d’un côté et l’armée française de l’autre – ce village devient le cadre d’une guerre psychologique.

« Lorsque j’ai proposé au commandant Azzedine, figure mythique de la guerre d’indépendance algérienne, de faire un film commun sur ce que fut notre guerre, il a littéralement sauté de joie. Très vite Ahmed Rachedi et Amazit Boukhalfa nous ont rejoints, et de notre côté, Maurice Failevic, lui-même ancien d’Algérie. Au départ, l’entreprise paraissait utopique. Mais l’idée toute nouvelle avançait avec une vraie force et tout s’élabora véritablement ensemble. Il nous fallait essayer de revivre la réalité, mais sous un habit de fiction. Ces deux activités sont moins éloignées qu’on ne le pensait naguère, elles peuvent même s’entraider. Quant au champ du possible, il est parfois plus ouvert qu’on ne croit. » Jean-Claude Carrière.

 

 

 

 

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