A Toulouse, le texte de Nicolas Sarkozy pour le 11 novembre sera lu et réprouvé
Le maire PS de Toulouse Pierre Cohen a donné pour consigne aux élus de sa ville qui seraient appelés à lire le message du président Nicolas Sarkozy aux commémorations du 11 novembre, d'exprimer leur désaccord à la fois avec la méthode et le contenu, a indiqué la ville à l'AFP.
Le maire a noté que M. Sarkozy rompt en 2011 exceptionnellement avec l'habitude qui veut que le message pour ces commémorations dans toute la France soit écrit par le secrétaire d'Etat aux anciens combattants ou le ministre de la Défense.
Avec une année électorale à l'horizon, "cette décision est choquante. Choquante car ce texte sonne comme un discours où l'ombre du candidat apparaît fortement", dit Pierre Cohen dans un communiqué.
En 2011, ce texte, "normalement fédérateur", contient "en filigrane" une proposition de journée unique du souvenir à laquelle les associations d'anciens combattants les plus importantes sont opposées, dit M. Cohen.
Or, dans les cérémonies où le préfet ou un représentant de l'Etat ne sont pas là pour lire le message, c'est aux maires ou aux élus municipaux qu'il revient de le faire, a expliqué Michel Pech, le conseiller municipal délégué à la mémoire à Toulouse.
Lors des cérémonies de quartier (en dehors donc de la commémoration principale où le préfet devrait lire le texte), "nous allons lire le message du président parce que la règle le veut (...) Ensuite, nous dirons de manière claire que nous ne sommes pas d'accord, que nous sommes obligés de le lire parce que c'est la règle républicaine", a dit M. Pech.
http://www.franceinfo.fr/politique-11-novembre/tous-en-campagne-matin/un-jour-unique-pour-celebrer-les-anciens-combattants-443655-2011-11-11
Alors que Nicolas Sarkozy souhaite une journée unique pour célébrer tous les soldats morts pour la France, le débat s'instaure. Ce matin, sur France Info entre Marc Laffineur, le secrétaire d'état aux anciens combattants et Pierre Cohen le maire de Toulouse.
Cliquez sur le lien ci-dessous (écoutez les 6 premières minutes) :
Cette année, le discours prononcé par les élus et représentants de l'Etat lors des commémorations du 11-Novembre, sur tout le territoire, a été très inhabituellement écrit par le Président de la République.
La coutume donnait ce rôle au secrétaire d'Etat aux anciens combattants ou au ministre de la Défense. « Or, à la veille de l'année électorale de la Présidence, cette décision est choquante , explique Pierre Cohen. Choquante car ce texte sonne comme un discours où l'ombre du candidat apparaît fortement. Ce texte national et normalement fédérateur comporte en filigrane une proposition de commémoration unique inacceptable. Non seulement des élus sont en opposition forte avec cette idée mais aussi les associations d'anciens combattants les plus importantes. Les années passant, elle comporte un risque fort et intolérable de glissement vers l'oubli pour des milliers de Français morts pour leur pays.»
« Déjà en 2008, je dénonçais le rapport Kaspi au gouvernement qui préconisait un allégement des commémorations. Aujourd'hui alors que la construction européenne est fragilisée, l'Histoire doit s'imprimer plus que jamais dans nos mémoires. A l'heure où notre pays doit continuer de lutter contre le racisme, l'antisémitisme, et les réflexes de repli sur soi, les commémorations sont autant de moments précieux où des générations réunies se souviennent et réfléchissent ensemble aux attitudes qui ont permis l'horreur. Comme en 2008, je refuse l'idée même d'une concurrence mémorielle, savoir qui sera digne d'un travail de mémoire des jeunes générations, qui ne l'est pas et l'idée même que des morts pour la France, pour la liberté, pour l'égalité ou pour la fraternité puissent être oubliés.»