29 juin 2011 at 07 : 15
Auteur : Jean-François Gavoury | Jean-Philippe Ould Aoudia
Collection : Ces oubliés de l’histoire
Prix : 20.00 € / 131.19 F
Editions Tirésias : 21 rue Letort 75 018 Paris
- La présentation de l’éditeur
«Rien n’est résolu, aucun conflit n’est réglé, et remettre en mémoire ne veut pas dire remiser dans la mémoire.» Les pages que rédigent ici des fils d’assassinés par l’OAS sont plus encore qu’une mémoire, un livre de notre Histoire escamotée. Car le silence fourbit l’injustice, et la forfaiture élève les sanglants exécuteurs, ces héros de pacotille, en des martyrs de mensonge. Aussi le pouvoir veut se faire de nouveaux alibis, des «fadaises» de réconciliation pour laisser, si les enfants des victimes n’y prenaient garde, le négationnisme faire acte et la démission s’ériger en cénotaphe devant l’innomé. Notre République réassassine les innocentes victimes et nihilise la grandeur de leurs serviteurs. L’honneur de ces hommes qui servirent l’État avec une loyauté, une éthique, est piétiné. C’est le factorat de l’imposture.
Dans le cas présent, les six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs «exterminés», tout comme le commissaire Gavoury massacré, sont les victimes d’un crime imprescriptible et tout honnête homme doit demander raison. Il y a condamnation à prévariquer l’honneur d’une Nation mais aussi, de fait, à affaiblir ses fondements. La patrie induit tous ses enfants dans leur rôle de gardien de la liberté et de la justice.
Si les deux fils victimes de ces exécuteurs – ayant eu l’affront de revendiquer d’avoir servi la France – ne s’étaient pas indignés, nul sinon peu n’aurait conçu d’annihiler l’hommage à l’insupportable et à l’injustice.
Il faut qu’enfin le cercueil de leurs pères repose en paix et que le travail de mémoire fasse acte pour leur deuil et l’équité. Notre patrie s’implique dans son avenir et sa jeunesse sera à l’image de la volonté d’État que justice, vérité et honneur soient de son Histoire. C’est le pari de cet ouvrage et l’engagement de ces fils de notre République.
Jean-Philippe Ould Aoudia, né le 4 septembre 1941 à Alger. Son père fut l’un des six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs assassinés par l’OAS. Le combat qu’il mène s’inscrit dans la fidélité à la mémoire de son père et aux valeurs que lui et ses collègues ont enseignées.
Jean-François Gavoury, né le 16 mai 1950 à Charleville. Orphelin de guerre et pupille de la Nation, il s’engagera au service de l’État. Son combat d’aujourd’hui : la protection de l’honneur de son père contre les souillures d’une OAS réincarnée.
http://dzairnews.com/article/la-bataille-de-marignane-devoir-de-memoire-contre-devoir-de-liberte
LA BATAILLE DE MARIGNANE (*)
Dans La Bataille de Marignane, suivi de Mort pour la France, paru aux éditions Tirésias en 2006, deux fils de victimes des crimes de l’OAS, Jean- Philippe Ould Aoudia et Jean-François Gavoury, reviennent sur deux événements qui firent en mars 2005 la Une de la presse algérienne, l’affaire de Marignane et la loi française du 23 février 2005.
C’est dans la collection Ces oubliés de l’histoire aux éditions Tirésias que les auteurs ont choisi d’évoquer et d’honorer la mémoire de leurs pères. Une mémoire bafouée en France par le négationnisme des tenants toujours influents de l’Algérie française. Une tentative de détournement de la mémoire des victimes de la haine au profit de celle de leurs bourreaux. Jean-Philippe Ould Aoudia est le fils de Salah Henri Ould Aoudia, l’un des dirigeants des centres sociaux éducatifs fondés par Germaine Tillon en 1955, assassiné par l’OAS le 15 mars 1962. Mouloud Ferraoun, Max Marchand furent de ceux qui tombèrent ce jour-là sous les balles des tueurs. Trois Français, trois Algériens œuvrant au rapprochement des communautés. Jean-François Gavoury est le fils du commissaire divisionnaire Roger Gavoury assassiné par l’OAS le 31 mai 1961. L’un et l’autre unissent aujourd’hui leur plume pour dénoncer la résurgence de l’OAS dans le champ politique français en perte de repères éthiques : «Tout semble se passer comme au temps de l’Algérie française où le lobby d’Alger dictait sa loi à Paris». Le 6 juillet 2005 démarre ce que l’on appellera l’affaire de Marignane, un projet d’élévation d’une stèle pro OAS avec la complicité du maire, passé successivement des Lepénistes aux Mégretistes puis à l’UMP. Il ne s’agit en fait que d’un énième monument à la gloire des quatre condamnés à mort de l’OAS - Bastien-Thiry, Degueldre, Devocar et Piegts - parmi ceux qui, le long de la côte méditerranéenne, de Nice à Perpignan, honorent la mémoire des criminels en les transformant en résistants patriotes. Un monument de trop pour les fils de leurs victimes qui se livrent dans cet ouvrage à un réquisitoire contre cette France nostalgique de l’Algérie coloniale. Jean-Philippe Ould Aoudia démonte toute l’affaire de Marignane avec ses complicités parmi les politiciens complaisants. Il n’omet ni les efforts, ni les protestations de tous ceux qui se mobiliseront contre cette forfaiture dont la Ligue des Droits de l’Homme, le MRAP, des historiens, quelques parlementaires et diverses associations. Il retrace le meurtre prémédité des six enseignants, le procès des assassins et leur curriculum vitae tout comme Jean- François Gavoury évoque la carrière de son père : «connu pour s’être opposé aux militaires dans le but d’éviter des actions trop brutales», l’enquête et le jugement des meurtriers. Il s’interroge aussi sur les conséquences de l’amnistie dont avaient bénéficié les dirigeants et les exécutants de l’OAS, et sur l’amnésie collective que cette amnistie aurait entraînée. L’un et l’autre, enfin, dénoncent la loi du 23 février 2005 qui officialise la réhabilitation de l’Organisation et de ses membres en répondant favorablement aux demandes du lobby Algérie française. Un chapitre consacre une étude exhaustive à cette loi, un document précieux pour tous ceux qui souhaitent comprendre les tenants et les aboutissants des enjeux mémoriels. Aujourd’hui, grâce à la vigilance des enseignants, des historiens, des associations de citoyens qui refusent une histoire officielle, le deuxième alinéa de l’article 4 de la loi du 23 février 2005, imposant la reconnaissance du rôle positif de la colonisation dans les programmes scolaires, a été abrogé. Cependant subsistent les autres articles «dont le 13e et dernier au seul bénéfice d’anciens de l’OAS dont nombre étaient tueurs.» Il ressort de ce travail de mémoire qui est aussi un cri d’alarme et une injonction de réhabilitation du devoir de vérité, un constat accablant : «La France demeure en effet la seule, avec le Japon, à refuser tout regard critique sur l’époque de ses conquêtes coloniales et cela par peur d’un risque électoral.»
M. N
(*) La Bataille de Marignane, 6 juillet 2005, La république aujourd’hui face à l’OAS par Jean-Philippe Ould Aoudia, suivi de Mort pour la France, 31 mai 1961-Alger par Jean-François Gavoury, Editions Tirésias, 2006. Préface de Pierre Joxe