A Toulouse, et malheureusement pas seulement (Béziers, Aix-en- Provence...) l'OAS et l'extrême-droite s'affichent ensemble ces derniers temps sans honte, leurs racines étant toujours là avec leur fond de commerce du racisme…
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Croix gammées, sigles de l'OAS et de l'ex- groupuscule d'extrême-droite Occident ont été bombés au cinéma Utopia, à la fac de droit et sur les murs de la maison de la laïcité et des diversités./Photo DDM, Michel Viala
Tags de la honte : l'étrange vague extrémiste avant la venue
de Dieudonné
Les tags antisémites et homophobes qui ont été tracés, ce week-end, en plusieurs lieux symboliques de Toulouse, ravivent les tensions, à quelques jours de la venue de Dieudonné pour un spectacle toujours contesté.
Les extrémistes de droite ont-il l’intention de jeter de l’huile sur le feu et de raviver les tensions à quelques jours du spectacle de Dieudonné, programmé samedi prochain au Zénith de Toulouse ? Difficile, en tout cas, de voir une simple coïncidence temporelle dans la vague d’inscriptions fascisantes, antisémites et homophobes qui a submergé, ce week-end la Ville rose.
Ce que d’aucuns, élevés dans l’activisme antirépublicain, appellent «la stratégie de la tension». Croix gammées ou celtiques, slogans rassis et racistes… De la maison de la laïcité et des diversités, au cinéma Utopia, en passant par la CNT, le cimetière de Terre-Cabade, la permanence de la liste «Place au peuple» ou la fac de droit, sur les murs de laquelle ont refleuri des signes du moribond Groupe union défense (Gud), l’offensive, bien coordonnée, a atteint son but. Lever une salve d’indignations au premier rang desquelles celle de Manuel Valls, qui a dénoncé des actes «lâches et insoutenables, qui ne peuvent que nous révulser et qui salissent la ville de Toulouse». Pour le ministre de l’Intérieur, on a «délibérément visé les symboles de ce qui fait notre vie en collectivité». Manuel Valls a aussi assuré que «tout est mis en œuvre pour identifier et interpeller les responsables «pour qu’ils répondent de ces agissements coupables». La tâche, confiée au groupe d’investigations sur les bandes (GIB) de la sûreté urbaine, s’annonce pourtant ardue. Le procureur de la République Michel Valet reconnaissait, hier, qu’il était difficile de trouver une cohérence dans des graffitis qui ont même convoqué les fantômes de l’OAS. Ce qui témoigne d’un minimum de «culture» politique, en tout cas celle qui se cultive dans les arrière-cours de l’extrême-droite traditionnelle et désormais dans les officines intégristes catholiques, réveillées par le débat sur «le mariage pour tous». Une mouvance large et instable. Le collectif Arc-En-Ciel ne s’y est pas trompé, qui pointe «le climat de haine et de violence libéré par les anti-mariage gay et entretenu dans les conférences du groupe Civitas ou les défilés du Printemps Français, de la Manif Pour Tous et autre Jour de Colère».
L’association appelle d’ores et déjà à un rassemblement samedi prochain à 14h30 devant l’Espace des diversités et de la laïcité, rue d’Aubuisson. Quelques heures avant que Dieudonné investisse la scène du Zénith où sont attendus près de 5 000 spectateurs, mais aussi des «contradicteurs», dont le conseil des institutions juifs de France (Crif), qui veut procéder à une distribution de tracts (voir ci-dessous). Ce qui va faire beaucoup de monde dans les rues. Et quelques raisons de craindre pour l’ordre public.
Réactions Nicole Yardeni, présidente régionale du conseil représentatif des institutions juives de France (Crif)
Nicole Yardeni : «Le public de Dieudonné doit s'interroger»...
Le nouveau certificat de «respectabilité» accordé à Dieudonné, après le retrait des passages litigieux de son spectacle, n’a pas convaincu tout le monde . Si le maire, Pierre Cohen a renoncé à interdire son show a priori, d’autres, comme Gérard Folus, le vice-président national de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme ( Licra), considèrent qu’il aurait fallu maintenir l’interdiction pour stopper un antisémitisme «devenu parole libre, banalisée et impunie, accompagnée d’un négationnisme virulent». Le conseil représentatif des institutions Juives de France (Crif ) de Midi-Pyrénées souhaite, lui, pouvoir s’adresser directement aux spectateurs du Zénith .«Pour que , peut-être, ils s’interrogent vers où veut les entrainer Dieudonnée, explique la présidente,Nicole Yardeni, qui pose aussi la question de «l’intégrité» de l’humoriste vis à vis de son public . «Nous travaillons à la rédaction d’un tract que nous souhaitons distribuer à chaque spectateur samedi», précise-t-elle. Ce qui est désolant c’est qu’avec un pot de peinture comme avec un spectacle, on cherche à allumer le feu, à répandre la haine, la haine des juifs, des homosexuels, des franc-maçons qui sont tous objets de fantasmes. C’est un discours qui enferme dans l’amertume au lieu d’ouvrir vers les autres et vers sa propre liberté intérieure».
Gilles-R. Souillés