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9 mai 2012 - Cl. Chermain, Maire délégué honoraire de SAINT-PANTALEON (BOURGOGNE)
8 mai 1945, Vive la Libération !
Cette libération a été des plus difficiles à plus d'un titre : la débâcle et la défaite de 1940 ont été cuisantes, s'y ajoute l'affront fait à notre peuple par des élites qui l'auront trahi et une classe politique qui aura failli à l'essentiel.
Souvenez-vous. Certaines de ces élites l'affirmaient : "Plutôt Hitler que le Front Populaire"
La lutte que va alors engager une poignée de français contre l'occupant nazi et le régime de Vichy n'en est que plus remarquable. Cette lutte menée en France, nous l'oublions trop souvent, s'intègre dans une lutte générale à l'échelle de l'Europe et dans le Monde contre l'oppression des nazis et de leurs alliés. Nombreux vont être les peuples qui vont mener ces combats pour la liberté et l'indépendance de leur patrie. Ils vont apporter à la résistance en France, un moral et une expérience particulièrement efficaces.
Des Français vont s'engager dans toutes les formes de résistance : organisations clandestines, luttes sociales, solidarité, renseignement, lutte armée, … Et dans la presse clandestine, car un des premiers actes de la lutte antifasciste, sera l'écriture, l'impression et la diffusion d'une presse clandestine. Malgré les risques courus des centaines de petites feuilles volantes, journaux, brochures, sont édités.
Ce sont des armes pour informer et alerter sur la politique de l'occupant et du gouvernement de Vichy. Mais également pour organiser les solidarités et inciter à se joindre au combat au sein des organisations de la résistance française.
Cette lutte contre le fascisme va également être alimentée par certains mouvements de jeunes qui serviront de pépinières pour la Résistance.
Beaucoup de ces jeunes, très jeunes même, rejoignent les maquis existants et vont largement participer à la libération armée de notre pays. Ils vont subir une répression souvent des plus sinistres : tortures, exécutions sommaires et massives, décapitations..
Ces jeunes lycéens et étudiants qui se sont engagés dans cette résistance ont porté l'idéal de la Résistance que nous commémorons aujourd'hui.
Le 8 mai ce n'est pas seulement la libération de notre territoire, c'est surtout l'avènement d'une approche nouvelle de la République.
Une relecture du programme du CNR semble encore nécessaire aujourd'hui.
Ce programme qui a d'abord été un programme de rassemblement national, a surtout été un programme de cohésion sociale. Il a été à l'image de la Résistance, un phénomène historique sans précédent dans l'histoire de notre pays. Il a apporté au peuple patriote, les moyens d'être acteur de sa propre libération et de la restauration des valeurs essentielles de la République, écrasées par les nazis et par ces élites françaises dont De Gaulle disait qu'elles avaient trahi.
Nos commémorations d'aujourd'hui n'ont d'intérêts que si nous les portons comme des devoirs de citoyen.
Commémorer c'est chercher la vérité et la transmettre.
D'ailleurs, l'article 2 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen d'août 1789 nous l'impose : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme.
Par les mesures qu'ils s'engageaient à appliquer dès la libération du territoire, les représentants des mouvements, des groupements, des partis ou tendances politiques, groupés au sein du C.N.R., proclamaient qu'ils étaient décidés à rester unis après la libération :
. pour défendre l'indépendance politique et économique de la nation, rétablir la France dans sa puissance, sa grandeur et sa mission universelle.
Cette indépendance économique aujourd'hui est-elle toujours assurée quand la mondialisation de l'économie écrase nos acquis sociaux ?
Les partis politiques souhaitaient assurer également :
- la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l'égard de l'Etat, des puissances d'argent et des influences étrangères
Qu'en est-il aujourd'hui de cette liberté quand les puissances d'argent contrôle la quasi-totalité des médias ?
Sur le plan économique il était souhaité à l'époque :
- l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie
- une organisation rationnelle de l'économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général
Qui aujourd'hui dirige l'économie, si ce ne sont ces grands groupes financiers et dans leurs seuls intérêts ?
- le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, des sources d'énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d'assurances et des banques
Que sont devenues ces grandes nationalisations des secteurs de la finance et de la production française ?
Mieux encore, sur le plan social, le CNR proposait :
- le droit au travail et le droit au repos
- un ajustement important des salaires et la garantie d'un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d'une vie pleinement humaine
- la garantie du pouvoir d'achat
- un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l'Etat
- la sécurité de l'emploi, la réglementation des conditions d'embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d'atelier
- une retraite permettant aux travailleurs de finir dignement leurs jours
- la possibilité effective pour tous les enfants de bénéficier de l'instruction et d'accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin… que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires.
Où en sommes-nous depuis 67 ans ? Qu'avons-nous fait des volontés de la Résistance ? N’est-il pas temps de reprendre ce programme ?
En ce jour de commémoration, méditons sur l'engagement de tous ceux qui ont su trouver le chemin d'un combat exemplaire pour notre peuple et en particulier pour la jeunesse d'aujourd'hui.
Nous avons obligation de porter dans nos vies, l'idéal de tous ceux de la Résistance qui un jour ont osé dire non, et surtout non à l'injustice et qui ont osé faire face aux renoncements et aux trahisons des élites.
Les hommes de conviction, ceux qui ont une haute conscience du service de la Nation, comme De Gaulle et Jean Moulin, n'ont souvent pas d'autres choix. Engagés contre l'ordre établi, cet ordre qui nous apprend le plus souvent à ne pas résister, ces combats sont alors les plus nobles et très souvent les plus difficiles. Il n'est jamais trop tard pour retrouver les vertus de la Résistance pour que vive la République !
Pour faire en sorte qu'on n'oublie jamais, le bruit sourd des pays qu'on enchaîne.
Permettez-moi de vous inviter à continuer ces combats..
Notre devoir de mémoire est immense. Notre engagement à défendre l'idéal de la Résistance n'a jamais été autant nécessaire. Chaque jour nous amène des raisons de continuer de porter les engagements de tous ceux qui par leur sacrifice ont permis à notre pays et à son peuple de vivre dans la dignité. Je pense qu'ils comptaient sur nous pour continuer leurs combats.
J'espère qu'ils ne seront pas déçus par ceux que nous menons ici.
Pour que "Vive la République" et que "Vive la France".
Cl. Chermain
Maire délégué honoraire de SAINT-PANTALEON (Bourgogne)