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http://cessenon.centerblog.net/6570182-De-quelques-considerations-sur-la-guerre-d-Algerie#i

Dans leur immense majorité les appelés du contingent qu’on a envoyés faire la guerre en Algérie étaient loin d’être enthousiastes et s’il n’y avait eu que des volontaires il n’y aurait pas eu grand monde !

Sur le terrain l’état d’esprit a varié entre les individus, les périodes, les lieux, les affectations, les événements. Certes le slogan « La quille bordel ! » était celui de tous mais le racisme à l’égard des Arabes pouvait aller bon train, chacun reportant sur plus faible que lui ce qu’on lui faisait subir.

Etre un soldat du refus était un statut pratiquement impossible à gérer pour l’appelé Lambda et ceux qui ont eu le courage d’exprimer ainsi leur opposition à la guerre ont beaucoup souffert. Ce n’était sûrement pas à la portée de tous et ceux qui ont assumé un tel choix ont beaucoup de mérite mais n’avaient aucune chance d’être suivis par l’ensemble d’une classe d’âge.

La prise de conscience qu’il n’y avait aucun espoir de gagner cette guerre coloniale, anachronique et injuste, a fait son chemin dans les esprits. A preuve l’attitude du contingent lors du putsch des généraux félons en avril 1961 qui a permis que la France ne bascule dans une dictature militaire comme on en a connu, en Espagne, au Portugal, en Grèce ou ailleurs.

Sur le comportement de chacun après le retour à la vie civile il y a eu chez les appelés rentrés d'Algérie peu d'expression de ce qu'ils avaient vécu. Il faut dire que ce vécu était très différent. Les appelés qui revenaient d'Algérie se sont tus. Ce que je crois être l’essentiel dans l’affaire c’est qu’à 22 ans, on a encore la vie devant soi et qu’évacuer une période, certes à des degrés divers, difficile pour tous, était sans aucun doute la meilleure attitude pour affronter la suite.

Il faut ajouter que le silence radio des médias n’encourageait pas à la prise en considération de ces épisodes si peu glorieux de notre histoire collective ! En gros les gens se sont tus pendant des années ce qui n’était sans doute pas la meilleure thérapie pour ceux qui étaient le plus traumatisés !

Plusieurs se sont retrouvés au sein de la FNACA qui, si elle n’a jamais accepté d’analyser ce qu’a été la guerre d’Algérie, a permis des échanges, des rencontres à caractère souvent festif (PS) "Tu as raison Jacques, ce genre de conversations dans les réunions occupent les 3/4 du temps" et a présenté les revendications de ceux qui avaient perdu une partie de leur jeunesse, et quelquefois plus, dans l’aventure.

Il ne me semble pas que les anciens d’Algérie aient le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’utile. Pour la plupart ils estiment qu’engager cette guerre et la prolonger pendant plus de sept ans n’avait guère de sens.

Peut-être que l’âge favorise le retour sur ce qui s’est passé il y a plus de cinquante ans ? Peut-être aussi que la campagne soulevée auprès de l’opinion publique sur la réalité de la torture que pratiquait l’armée et qui s’est développée au début des années 2000 a contribué  à délier les langues et les claviers ?

 Quoi qu’il en soit le mutisme n’est plus la règle et nombreux sont ceux qui ont apporté leur témoignage, leur contribution à un débat qui reste ouvert et qui, situant les responsabilités, devrait  être profitable aux jeunes générations.

 

 

 

 

 

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