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"Notre ami Henri Pouillot a raison d'écrire que ce film est équivoque et révisionniste. Une fois de plus nous remarquons la présentation, en avant-première, par, entre autre, l'UNC, cette association qui fréquente, sur le plan national, les milieux nostalgiques du colonialisme et extrémistes. Pour celà et pour toutes les omissions ou mensonges  "volontaires" ce film ne devra jamais être "une référence historique" Vous pourrez aussi, prendre connaissance des premiers commentaires à cet article et, si vous le souhaitez en écrire, vous-même, sur le Site d'Henri Pouillot  :

http://www.henri-pouillot.fr/spip.php?article241 

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« Algérie, Mémoires meurtries »

Un film équivoque, révisionniste

Vendredi 1er avril 2011, par Henri POUILLOT // 50ème Anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie

« Algérie, Mémoires Meurtries »

Film de Éric BEAUDUCEL et produit par ECPAD (Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense.

Ce film a été présenté en avant première le 31 mars 2011, à l’Ecole Militaire de Paris par l’UNC (Union Nationale des Combattants). Bien que le choix de cette date fut symbolique, le 50ème anniversaire de l’assassinat de Camille BLANC, maire d’Evian par un commando de l’OAS voulant s’opposer aux négociations encours dans cette ville, cet épisode a été oublié dans le film.

La présentation de ce film produit par l’ECPAD, faite lors de cette présentation spéciale en avant-première est significative : Au sujet de la Guerre d’Algérie, il fallait réaliser un travail sérieux parce que "on ne s’y retrouvait pas dans ce qui est paru à ce jour", sur cette question. Il a été réalisé "pour ceux qui ne connaissent rien ou sont mal informés, sans rien renier de nos convictions". Présenté de cette façon par l’UNC et l’ECPAD, cela situe bien les objectifs de ce film prévu pour "officialiser" la démarche prévue pour la commémoration du 50ème anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie. Je pense qu’il va y avoir une large diffusion de ce film qui sera considéré comme LA référence sérieuse sur cette Guerre d’Algérie.

Ce film est TRÈS habile, remarquable pour les raisons suivantes :
 Il y a une participation importante de Michel Rocard, de Jean-Pierre Chevènement, de Djoudi ATTOUMI (ancien de l’ALN, adjoint de Amirouche) qui permettent ainsi de donner une caution semblant non partisane.
 Sa façon d’évoquer la Guerre d’Algérie où l’essentiel est évoqué : la torture, l’OAS, les barricades d’Alger en janvier 1960, le putsch d’avril 1961, la fusillade de la Rue d’Isly à Alger du 26 mars 1962, la répression du 8 mai 1945, la bataille d’Alger, les exécutions sommaires…

MAIS les mensonges par "omission" sont atterrants. D’une part les viols, les ratonnades, les villages rasés au napalm, les corvées de bois, des pieds noirs favorables à l’indépendance de l’Algérie,… tout cela n’a pas existé !!!

MAIS, dans les aspects évoqués, la présentation des faits est souvent très tendancieuse :
 La torture : oui, elle a existé, mais quand on entend certains dire, comme dans certains reportages vus à la télévision, que tous les militaires ont torturé, c’est un mensonge. J’ai bien l’impression que j’étais directement et personnellement visé dans ces allusions. Je ne l’ai d’ailleurs jamais dit. Mais l’essentiel était d’oublier de dire qu’elle était devenue une institution, une pratique généralisée, même si c’était seulement de petits groupes qui en avaient la charge. A aucun moment l’interrogation sur son "efficacité" sauf celle d’un prêtre qui évoque un cas de conscience : en ayant fait stopper une de ces séances "d’interrogatoires sévères", n’avait-il pas empêché de savoir où étaient cachées les bombes qui allaient risquer de tuer des innocents…
 Le 26 mars 1962 : les spectateurs, ne sauront qu’une chose : ce sont des tirailleurs algériens qui ont tiré sur des manifestants. Ils ne sauront pas que c’est l’OAS qui appelait à mettre en cause le cessez-le-feu signé une semaine plus tôt. Ils ne sauront pas que des tireurs des commandos de l’OAS ont tiré sur les militaires, provoquant ainsi une inévitable riposte.
 Le 8 Mai 1945, les spectateurs sauront qu’il y a eu une centaine d’européens de tués par les Algériens, mais ils ne sauront pas que le déclenchement de cette réaction provient de l’assassinat, par un gendarme d’un jeune scout musulman manifestant sa joie pour ce 8 Mai 45 en brandissant un drapeau algérien.
 

 Les attentats à la bombe à Alger. Le premier a été réalisé par un policier, rue de Thèbes, à la Casbah, mais ce n’est évidemment pas dit. Ce n’est qu’après que le FLN a déclenché ce type d’attentats. L’intervention la négociation menée par Germaine Tillon pour les faire stopper n’est pas évoquée. La trêve avait été respectée tant que les exécutions capitales avaient été suspendues. Un oubli ?
 Le 13 mai 1958. Le scénario présenté est digne d’une fiction ridicule.
 Les barricades d’Alger de Janvier 1960, ce n’est pas beaucoup plus sérieux. "Une poussée de fièvre" ??? Le nombre des victimes militaires est minimisé.
 Les camps de regroupements qui n’étaient autre que des camps d’internement, même avec l’éclairage de Michel ROCARD, sont évoqués avec une banalité indécente, tellement ils sont une procédure officielle de la France, indignes d’un pays se présentant comme la Patrie des Droits de l’Homme.
 "Les crevettes Bigeard" : Comment se fait-il que les témoins consulté, ayant participé aux "Commando Georges" du Général Bigeard n’ont pas évoqué cette "spécialité" ? Ce film qui prétend informer ceux qui ne connaissent pas cette Guerre d’Algérie auraient du savoir que ce Général avait "inventé" une technique infaillible pour se "débarrasser" de prisonniers (sans qu’ils aient été jugés) : ils avaient les pieds scellés dans un bloc de béton avant d’être "largués" dans la mer d’un avion ou d’un hélicoptère. Au début, sans ces sabots en bétons, des Algériens étaient parvenus à rejoindre la côte à la nage. Ce sont des milliers de personnes qui ont été assassinées de cette façon. Pire, peut-être, c’est avec cette technique française exportée en Argentine que sont disparus 30.000 hommes pleurés par le "Folles de la place de Mai". Encore un oubli !!!
  Le putsch du 21 avril 1961 est quand même évoqué, mais l’un des aspects fondamental est "oublié" : le rôle déterminant des appelés du contingent pour l’échec de cette forfaiture.
 Les viols ? pratiqués souvent massivement comme des humiliations des femmes algériennes, mais aussi comme des moyens de torture, du fait de la culture familiale des Algériens ne sont pas évoqués.
 Les Villages rasés au napalm ? Voici un éclat d’une de ces bombes que j’ai ramassé le 26 novembre 2004, sur le sol d’un village, près de Khenchéla, qui comptait 800 habitants et entièrement rasé début novembre 1954. Il y a eu des dizaines, sans doute même des centaines, d’Ouradours mais cela est aussi oublié.
 Le 17 octobre 1961 ou le 8 février 1962 : c’est quoi ? Ces 2 crimes d’État commis à Paris dont le préfet de police Maurice PAPON porte une très lourde responsabilité, n’ont toujours pas été reconnus comme tels ni condamnés. Pourtant, le 17 octobre 61 se sont des centaines d’Algériens qui seront massacrés par la Police Nationale. Le 8 février 62, 9 militants seront assassinés par la Police Nationale au Métro Charonne, leurs obsèques mettrons des centaines de milliers de personnes dans la rue pour leur rendre hommage. Ce dernier évènement accéléra le processus de négociations et le cessez-le-feu sera signé peu de temps après. Ignorés dans ce film !!!
  L’assassinat du Commissaire central d’Alger Roger Gavoury ou ceux des 6 inspecteurs de l’éducation nationale des Centre sociaux  ? Sans importance, pas besoin de les évoquer !!! Ce sont les commandos Delta de l’OAS qui les ont commis, avec à leur tête un ancien Lieutenant (Roger Degueldre), déserteur qui fut condamné à mort et exécuté…
  Les propos de jean-Pierre CHEVENEMENT, à la fin de ce film sont affligeants : il dit qu’il peut comprendre l’attitude de certains militaires qui ont été déçus. Mais il est vrai qu’il est dans une même logique, depuis qu’il a inauguré une rue "Colonel Jeanpierre", ce légionnaire qui s’est illustré lors de la Bataille d’Alger de 1957, pour honorer ce militaire, et la Légion.

P.-S.

Vraiment, c’est un film consternant. On constate que l’Armée Française reste sur ses mêmes conceptions que pendant la guerre d’Algérie, de sa légitimation de sa théorie de la guerre révolutionnaire avec sa cohorte de crimes contre l’humanité qu’elle a générée, et justifie encore aujourd’hui.

 

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2 Messages de forum

·         Algérie, Mémoires meurtries  2 avril 15:24, par Djoudi ATTOUMI

Bonjour Mr. Pouillot. Je n’ai pas encore vu le film, mais je pense que vous avez raison. Lorsqu’on m’a proposé de participer à la réalisation du DVD, j’ai accepté volontiers pour apporter la vérité sur ce qui s’était passé pendant notre guerre de libération. Et j’espère que mon témoignage n’a pas été "manipulé".

En outre, ne connaissant personne à l’ECPAD, la présence de MM Michel Roccard et de Jean Pierre Chevènement m’a rassurée quant aux intentions du réalisateur et des sponsors. Ces deux personnalités constituaient pour moi une garantie.

Je regrette que l’on m’ait fait passer pour l’adjoint du colonel Amirouche, ce qui est complètement faux. Il est vrai que j’étais son compagnon, parfois son secrétaire et membre de la première équipe du PC de la Wilaya III en 1956 et pas plus.
Dès que j’aurais visionné le DVD, je vous recontacterai.
Amitiés,

D.ATTOUMI

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·         Algérie, Mémoires meurtries  2 avril 19:34, par Gwenaelle JEAN

Henri " Algérie, Mémoires meurtries " ne peut être que tendancieux et orienté malheureusement .
J’avais un doute et j’ai vérifié , malheureusement je ne pense pas que ce documentaire puisse être objectif car : avant 1954 ce sont des privés qui filment pour l’armée française puis en 1954 du fait du début de la guerre en Algérie c’est l’état sous le nom de Service Cinématographique des Armées (SCA) qui gère la propagande audiovisuelle avec durant la guerre d’Algérie une filiale à Alger et une autre à Bizerte
* transformé en Établissement cinématographique des armées du ministère de la Défense (ECA),
* puis en Établissement cinématographique et photographique des armées (ECPA) en 1969.
* pour devenir l’actuel Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) en 2001.
L’ECPAD c’est l’ancien SCA de la guerre d’Algérie donc le ministère de la défense… ce sont les "rois" de la propagande, quel dommage.

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